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04/12/2016

L'avenir de la Grande Vendée, extrait du Courrier de l'Ouest 3 décembre 2016

Historien, patrons et artiste réunis



L’avenir de la Grande Vendée, ce territoire informel qui mord notamment sur le Bocage bressuirais et le Choletais, sera au cœur d’un colloque proposé lundi prochain, à Mauléon (Deux-Sèvres). Pdg de Système U, Serge Papin plaide pour une cohésion autour de ce bassin de vie, chargé d’Histoire.

En quoi la notion de Grande Vendée est-elle opportune, aujourd’hui, à vos yeux ?

Serge Papin : « En observant l’évolution de la structuration de la société française, en matière d’urbanisation, on constate que l’empreinte rurale du pays s’estompe petit à petit. Ce qui fédère, ce ne sont plus les régions ou les départements, mais plutôt les grandes métropoles. Les territoires qui n’en ont pas peuvent s’en sortir avec le tourisme. Mais si cette dimension est absente, la population y est en recul. La chance de la Vendée est précisément d’avoir une cohérence départementale. L’absence d’une grande ville est finalement une opportunité qui permet d’avoir un développement plus global, qui peut dépasser les frontières administratives. Le Bocage vendéen, au fond, englobe le Choletais et une partie des Deux-Sèvres. »

Les liens historiques trouvent-ils encore une traduction concrète, de nos jours ?

« La mentalité d’un Bressuirais est proche de celle d’un habitant de La Châtaigneraie qui, lui, se retrouvera moins dans celle d’une personne de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Il y aurait intérêt à rapprocher concrètement ces différents territoires et à faire émerger la Grande Vendée. Il faudrait que des élus, des chefs d’entreprise, prennent le leadership de cette démarche pour s’affranchir des frontières administratives. Demain, nous serons en compétition contre Barcelone, Cologne ou d’autres… Ce sont des pôles, que nous n’avons pas ici. On aurait intérêt à rendre cohérent cet ensemble de 700 000 habitants. »

L’esprit vendéen est souvent évoqué, comme gage de succès. Comment le définiriez-vous ?

« Il se traduit par une identité forte et par des habitants qui ont cette volonté de maîtriser leur destin. On compte sur nous, pas sur les autres. C’est dans l’inconscient collectif. Les racines de cet état d’esprit remontent à l’époque post-révolutionnaire, durant laquelle la Vendée a été maltraitée par la République. Ces valeurs de solidarité viennent de là. »

Il est souvent question du miracle vendéen, au niveau économique. Celui-ci trouve un prolongement, notamment en Bocage bressuirais et dans le Choletais (NDLR : un taux de chômage d’environ 7,5 %). Comment l’analysez-vous ?

« L’explication réside dans le tissu d’entreprises, riche, et dans une main-d’œuvre de qualité. Il faut aussi noter l’implication des salariés. Le capital de Fleury-Michon, que je connais bien, est en partie détenu par des salariés. J’ai en mémoire l’action des salariés de l’entreprise Gautier, qui avaient fait grève pour obtenir la réintégration de leur patron, Dominique Soulard. On a un terreau, un état d’esprit intéressant, qu’il faut cultiver. Ce n’est pas du paternalisme, mais un pacte social non formalisé qui permet d’être compétitif. »


Cholet - Repères
Le colloque « Quel avenir pour la Grande Vendée » aura lieu lundi 5 décembre, à 18 heures, salle de la Passerelle à Mauléon. Il est proposé par le Centre d’échanges et de réflexion pour l’avenir. En l’absence de Serge Papin, retenu par des obligations professionnelles mais qui interviendra par l’intermédiaire d’une vidéo, la soirée sera marquée par les témoignages d’entrepreneurs tels qu’Aude Moreau et André Liebot. L’historien Reynald Sécher et Esther Dubois (lire ci-dessous) livreront leur expertise. L’artiste Yannick Jaulin (lire ci-contre) sera également présent.


Tarif : 10 € pour les non-adhérents au CERA. Réservations via www.le-cera.comRecueillis par Fabien GOUAULT
bressuire@courrier-ouest.com

« La Grande Vendée, c’est un peuple libre et rebelle »

Proximité et solidarité sont deux des atouts de la Grande Vendée, selon l’urbaniste Esther Dubois qui interviendra lors de la conférence du 5 décembre.
Parmi tous les intervenants qui prendront la parole lundi prochain à Mauléon, un seul n’a pas d’attaches dans cette région de la Grande Vendée qui sera au cœur des débats. Il s’agit de l’urbaniste parisienne Esther Dubois qui travaille depuis une trentaine d’années sur la question des territoires. Parmi ses nombreuses fonctions, elle est experte auprès du Comité mondial pour les apprentissages tout au long de la vie et membre du comité de pilotage « territoires apprenants tout au long de la vie ». 

Impressions de Vendée

« Je ne connais pas la Vendée, je vais apporter un regard extérieur. Mais j’ai travaillé sur le sujet, bien sûr, et j’ai en tête l’image d’un territoire qui repose sur deux fondamentaux : la famille et un système de valeurs au centre duquel il y a l’esprit de responsabilité. Il ne considère pas que l’État est le sauveur, il se prend en charge lui-même. Il s’appuie sur les notions de bien commun et d’intérêt général. J’observe aussi que son économie se développe grâce à la filière de l’apprentissage. »

Le poids de l’histoire

« La mort a été très présente sur ces terres lors des guerres de Vendée. C’est pour cette raison précisément que la réactivité y est plus forte. Ce territoire a tiré sa force de sa fragilité. Cette démarche intime l’a rendu plus fort pour s’en sortir. A une époque où on a voulu organiser cette région malgré elle, les habitants se sont mobilisés. C’est un peuple libre et rebelle. Le recours a été la solidarité et c’est encore vrai aujourd’hui. Au lieu de se positionner comme la grande métropole de Nantes, il joue la carte de la proximité. Proximité que l’on retrouve aussi au sein de l’entreprise entre le patron et le salarié. Autre fait intéressant, ce territoire est une œuvre commune dont chacun est l’auteur. L’innovation repose sur le partage des usages et des règles de conduite. »

Quel avenir ?

« La révolution numérique ne leur fait pas peur. Ils sont dans autre chose que certains appellent la révolution quantique, c’est-à-dire celle du discernement. Une révolution intérieure en quelque sorte. Comment fait-on pour grandir ? Quelles énergies pour demain ? Ce sont ces questions qui sont au cœur du territoire. Les réponses, il les trouve dans la proximité car c’est elle qui va faire monde. Et en même temps, il se crée sa propre géographie en ouvrant ses frontières tout en se démarquant de la mondialisation. La grande question qui se pose concernant l’avenir de la Grande Vendée, c’est comment elle va se positionner par rapport aux nouvelles grandes régions et aux métropoles. Mais je crois qu’elle a les moyens de réagir comme elle l’a déjà prouvé par le passé. »


Entretien : Gabriel BOUSSONNIÈRE


Yannick Jaulin, qui a de profondes racines vendéennes, puisqu’il est né à Aubigny, interviendra au colloque sur la Grande Vendée, lundi, à Mauléon. L’artiste conteur estime qu’avec le social et l’économie, la culture est le troisième levier à actionner pour développer les territoires ruraux. Fort de son expérience à Pougne-Hérisson (dans les Deux-Sèvres), avec le Nombril du Monde, il viendra partager son expérience. « Car, derrière la fantaisie, c’est bien cette idée de développement du territoire à travers une économie viable qu’il y a », indique-t-il.

Et d’ajouter : « La Vendée, pays né de guerres successives, est un territoire qui va bien au-delà des frontières administratives. À nous de les dépasser et de nous réunir autour de ce qui nous rassemble. C’est bien plus important que ce qui nous divise. Et c’est encore plus vrai à l’heure de la grande région Nouvelle Aquitaine : le Bocage est résolument dans un esprit vendéen et se réclame de la Grande Vendée. Il est bien plus tourné vers la région nantaise que vers Biarritz. »

Yannick Jaulin viendra également nourrir sa curiosité. « Je veux aussi voir ce que les autres en disent et comment les Vendéens se perçoivent. Car les Deux-Sèvres aussi pourraient avoir à se poser la question de son identité. »


Photo archives CO - Marie Delage

1 commentaire:

  1. On ne peut pas faire confiance à ce Serge Papin. Quel genre de famille veut-il ? A chaque Noël, il nous ressort sa propagande LGBT, alors pour moi maintenant, c'est boycott.

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