Onglets

26/03/2017

Honoré par un roi et un empereur

Jean-Mathurin Griffon, maire de Roussay, honoré par un roi et un empereur, a reçu un fusil d’honneur.


Existe-t-il en France un autre cas où un maire Jean-Mathurin Griffon (1771-1859) fut honoré, à la fois par un roi en fonction (Louis XVIII) qui lui fait remettre un fusil d’honneur et ensuite un empereur (Napoléon III) sous le deuxième Empire qui le nomme Chevalier de la Légion d’Honneur ?


Pour le motif de « Bon Vendéen », Jean-Mathurin Griffon, reçoit le 25 août 1824, des mains du Préfet de la Vendée, un fusil d’honneur. Le roi récompense ainsi ceux qui se sont distingués lors des combats ou qui ont eu un rôle primordial dans l’organisation quotidienne des campagnes des guerres de Vendée. 

Une très haute distinction d’un roi
En 1793, Jean-Mathurin Griffon a 22 ans et va faire toutes les campagnes de cette terrible guerre civile, mais ce n’est pas tout. Quand l’agitation reprend en 1814, il désigne six officiers pour la formation d’une cinquantaine d’hommes. En 1815, il est commissaire aux vivres, poste important quand on sait qu’il faut nourrir aussi bien les combattants que les chevaux, sans, pour cela, réquisitionner les bêtes vivantes sur les passages pour se rendre sur les champs de bataille.


En ce matin du 14 octobre 1858, toute la population se prépare à recevoir de hautes personnalités politiques et civiles pour un fait rarissime, le maire va être décoré de la Légion d’honneur pour 50 années (sur plusieurs mandats) à la tête de la commune. Alors comment a pu se dérouler ce que le journal local : « L’Echo de Beaupréau » avait qualifié à l’époque de : « Fête à Roussay » dont les populations garderont longtemps le souvenir. Il était de coutume à cette époque d’accueillir à l’entrée de la commune les invités de marque tels qu’élus régionaux, évêques visitant les paroisses, installations de nouveaux curés… De dresser un mât de cocagne ayant à sa base du jeune bois à brûler. L’invité de marque devait y mettre le feu avant d’entrer dans le lieu où il était accueilli. Ce qui fut fait ce jour-là par le plus haut représentant de l’Etat. 



Le journaliste raconte le déroulement de cette journée : « Il y a là, le baron Tharreau, sous-préfet de Cholet, le curé de Roussay, plus 70 habitants sous les armes (garde nationale, genre de milice communale armée) et une nombreuse population. Après les saluts d’usage officiels et avoir mis le feu au mât de cocagne, tous se mirent en marche vers la maison de l’école où devait avoir lieu la remise de décoration.



Les cloches sonnaient à toute volée. Un deuxième grand mât arrêta le cortège, (très grand puisqu’il est noté comme mesurant plus de 22 mètres de hauteur) les hommes en armes abattirent les nombreuses bouteilles accrochées à son sommet et le sous-préfet y mit le feu. L’on se dirigea ensuite vers l’école où la population attendait, toute curieuse d’écouter d’aussi belles personnes parlant si bien : « Jean-Mathurin Griffon est un modèle de probité et de dévouement »… » Applaudissements nourris et l’on entendit même des cris de : « Vive l’Empereur ». Pour l’anecdote il est écrit dans l’article du journal : « Une magnifique collation fut servie à plus de 300 personnes, dans la gaieté la plus franche, jusqu’à plus d’heure dans la nuit et une grande partie du lendemain ! »

Cholet - A savoir
Quelle est donc cette curieuse coutume de brûler un mât de cocagne ? Il faut remonter fort loin dans les couloirs du temps pour en trouver quelques traces écrites qui se contredisent. Le jeu ou la punition ? Le jeu vers le XVe siècle consistait à dresser un mat rond, de l’enduire de graisse et d’y accrocher le plus haut possible des victuailles alléchantes qu’il fallait décrocher et redescendre à terre. 


Peu à peu, le jeu prit le nom de mât de « cocagne », pays imaginaire où tout est en abondance. La punition est bien particulière et était appliquée à la marine à voile des doges de Venise. Si un capitaine de vaisseau avait commis une faute de jugement ayant entraîné la perte d’une bataille navale ou était fait prisonnier, à son retour on lui brûlait tous les mats de son bateau. Le capitaine était en quelque sorte dégradé devant ses matelots. Le rapport entre le jeu et la punition est qu’il faut savoir que si personne n’arrivait à décrocher les victuailles du mât de cocagne, il était brûlé en signe de punition envers ceux qui avaient manqué d’agilité pour arriver au but.

Courrier de l'Ouest 26 mars 2017 


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