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08/08/2018

Le puy du Fou, un rêve d'enfance

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Comme chaque année, à l’occasion de l’été, Boulevard Voltaire vous offre des extraits de livres. Cette semaine, Le Puy du Fou, un rêve d’enfance, de Philippe de Villiers.

Une voix tremblante qui était déjà presque écriture
Juste à côté de chez moi, il y avait un champ que les paysans appelaient «  Le champ de la braille » […]
Un peu plus bas, sous le jardin de la maison, coulait une petite rivière anodine, la Boulogne. Elle serpentait jusqu’aux Lucs – Les-Lucs-sur-Boulogne -, à quelques kilomètres ; elle passait en contre-bas de la chapelle des martyrs, qui fut un Oradour vendéen. Petite rivière tranquille, où je fabriquais des radeaux, petite rivière de mes premiers hameçons, de mes premiers vairons. Petite rivière jadis rougie du sang suppliciés. Petite rivière métaphysique de l’autre. Vendée, celle du génocide, Vendée aux lèvres closes scellées d’un signe de croix.
Déjà chantait en moi une petite voix d’enfant qui n’était plus la mienne et qui fredonnait en oratorio. Une voix tremblante qui était presque déjà une intention, une écriture.
Ainsi devait éclore mon rêve du Puy du Fou. Le rêve n’est pas sorti d’un lieu. C’est au contraire le lieu qui est sorti d’un rêve. Le Puy du Fou est né, au plus profond de mes entrailles, de la confluence de deux urgences intimes : une reconnaissance et une réparation.
Une reconnaissance de dette et une réparation de l’injustice commise en Vendée: 300.000 martyrs livrés aux ardeurs du soleil et des corneilles et qui n’ont jamais été « ensépulturés ».
La dette dont je parle était une dette morale. Je voulais déposer un « merci » quelque part.
En courant à perdre haleine, je m’étais endetté à vie. IL fallait rembourser, payer. Dire: « Merci pour une enfance heureuse ».
Merci pour toutes ces mélodies.
Merci aux Anciens de m’avoir appris la nostalgie.
Merci à la Vendée, merci à mon kaléidoscope de grands caractères qui m’ont façonné l’âme.
Merci aux cloches de mon baptême qui ont très tôt fait remonter en moi, depuis la nappe profonde de mes paysages intimes, l’unité allégorique des vivants et des morts, les harmonies des patries charnelles.
Et puis merci à mon cher père et à ma chère mère, mes premiers créanciers. Ils avaient tant voulu que leurs enfants fussent enracinés ! Les voilà exaucés et au-delà. […]
Un jour, je suis allé voir mon père. J’avais dix-huit ans:
– Papa, je veux écrire un hymne à la Vendée. Une chanson de geste.
– Écris donc d’abord ta vie, fais des études. Quand tu auras des diplômes, on en reparlera.
Je montai donc à Paris faire des études, attraper des peaux d’ânes à Sciences Po, puis l’ENA.
Alors on en reparla. On reparla de mon projet, de mes songes, de cette utopie – un film de plein air en trois dimensions. Mon père se gaussait affectueusement : « Au fou ! » Quelques années après, à la suite d’une ronde de repérage sur les hauteurs et lacets du bocage, je suis revenu vers lui.

– Au Fou ? Tu cries toujours « au fou » ? Eh bien, tu avais raison, papa: « au Puy du Fou! »



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