Unique en France, le monument aux morts du Fief-Sauvin offre la particularité de porter une statue de Vendéen répondant au Poilu de 14-18 comme un écho aux sacrifices des enfants du pays, d’une Grande Guerre à l’autre. Vendée Militaire y a marqué d’une plaque sa journée d’hommage à cette paroisse vendéenne, le 22 septembre 1996.
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Le monument aux morts du Fief-Sauvin |
Commencé par une messe célébrée par l’abbé Auger dans l’ancienne église Notre-Dame – démolie l’année suivante – ce dimanche de commémoration s’est poursuivi autour du monument aux morts sur lequel le maire de la commune, Jean-Marie Reveau, dévoila la plaque « à la mémoire des habitants du Fief-Sauvin morts pour la défense de leur foi ». Dominique Lambert de La Douasnerie relata ensuite l’historique du lieu.
Ce monument érigé sur les fondations d’un ancien moulin à vent, le Moulin Drouet, fut inauguré en 1923. La famille Lallemand, propriétaire du terrain, en avait fait don à la municipalité, sous réserve qu’un combattant vendéen figurât aux côtés d’un soldat de 14-18. Il faut dire que la Révolution fit un grand nombre de victimes parmi les ancêtres de cette famille sauvinoise. Ces dernières comptent parmi les 350 recensées au sein du martyrologe de la paroisse.
Après le déjeuner, la soixantaine de participants a entamé un périple à travers les lieux de mémoire du Fief-Sauvin, captivée par les récits hauts en couleurs de Dominique Lambert de La Douasnerie, fin connaisseur de l’histoire locale. C’est ici, en effet, qu’il avait organisé sa toute première Veillée vendéenne, en novembre 1976.
La première étape, à l’église, fut l’occasion d’évoquer la situation de la paroisse à la veille de la Révolution, la Constitution civile du clergé, la vie clandestine de l’abbé Laurent Gruget caché dans les fermes pour échapper aux persécutions, et l’insurrection de mars 1793 au Fief-Sauvin.
Un deuxième arrêt au monument au mort permis d’expliquer la formation des compagnies de la paroisse, placées sous les ordres de Bonchamps. Non loin de là, sur le chemin de la Bérangerie, seize membres de la famille Colombier furent massacrés en 1794.
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Le Vendéen sur le monument aux morts
du Fief-Sauvin |
Passée la Godinière, où naquit un commissaire aux vivres de Bonchamps, le groupe s’est porté vers les méandres de l’Evre, dont les coteaux pittoresques ont été le théâtre d’un effroyable drame, le 1er février 1794. Ce matin-là, les Bleus ont franchi le gué sur l’Evre à Guicholet, après avoir perpétré un massacre sur l’autre rive, à Chillou. Les coups de feu jettent l’alarme à la ferme de la Chévrie, située près de la route qui mène les soldats vers le bourg du Fief-Sauvin. Toute la famille Audouin s’enfuit vers un refuge dans le coteau du Céleron, un abri sous roche caché par d’épais fourrés, priant pour que les « chasseurs » et leurs chiens ne parviennent pas à franchir les rideaux de ronces. Sa supplique sera exaucée. D’autres n’auront pas la même chance…
Car au loin résonnent les jurons des soldats poussant devant eux les malheureux tombés entre leurs mains, jusqu’au sommet d’un rocher d’où ils les précipitent dans une eau glacée. Les mêmes cris d’effroi éclatent sur l’autre berge, au bois du Vigneau, où la traque des Bleus jette de nouvelles victimes au fond de l’Evre, des habitants du Fief-Sauvin et de Saint-Martin de Beaupréau qui pensaient trouver là un asile sûr. Leurs corps charriés par l’eau rougie de sang viendront s’amasser en aval contre la chaussée du Moulin Neuf.
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Carte des lieux cités dans l'article |
Ce grand massacre et la destruction du bourg par les Colonnes infernales sont restés dans les mémoires grâce aux témoignages des survivants, transmis dans les familles, de génération en génération, et préservés aujourd’hui par des journées de commémoration comme celle-ci.