C’est avec consternation que nous nous sommes aperçus qu’une polémique s’alimentait d’elle-même au sujet des ossements découverts dans les charniers du Mans.
Certains croient pouvoir, à ce propos, évoquer la concurrence commerciale, au Moyen Age, pour la possession des reliques. D’autres ne voient dans ces ossements que des objets de laboratoire qui doivent demeurés aux mains des scientifiques.
Comment, ceux qui, comme nous, savent qu’ils ont un ou deux ancêtres potentiellement présents dans ce nombre, pourraient-ils cacher leur indignation devant ces attitudes ?
Comment pourrions-nous accepter l’idée que ces ossements, qui ne sont pas préhistoriques (!), mais sont les ultimes restes des corps de nos ancêtres, puissent rester ad vitam æternam dans un établissement aux mains de scientifiques au lieu de recevoir, avec respect, la sépulture chrétienne à laquelle ils ont droit (et qu’on ne refuse pas aux criminels) ?
C’est la science qui doit être au service de l’homme et pas le contraire !
Il importe peu que certains puissent être originaires de départements voisins. A cette époque l’identité départementale ne signifiait pas grand chose. Ils se reconnaissaient tous dans l’insurrection de l’ouest. Et c’est la convention nationale elle-même qui a donné à cette dernière, globalement, le nom de « Guerre de Vendée ». Ces combattants sont devenus, de cette manière, tous des « Vendéens ».
Il n’importe pas d’avantage qu’il puisse y avoir parmi eux des soldats républicains. Les responsables de la Terreur et des persécutions, ce sont les membres du comité de salut public. Les soldats du rang ne sont, eux, que de simples exécutants (et parfois même bien malgré eux) et donc, en l’occurrence, aussi des victimes.
Il nous apparaît une excellente idée de rapatrier ces corps en Vendée. C’est un bel acte filial puisqu’il réalise ainsi post mortem leur souhait le plus cher : revoir la terre de Vendée. Mais il ne serait pas sérieux d’envisager de les entreposer provisoirement (et de les oublier) dans un endroit qui par nature ne saurait être leur digne sépulture. L’accueil de ces ossements porte en lui l’obligation morale implicite d’engager immédiatement la réflexion nécessaire au choix de l’emplacement de la sépulture définitive.
En effet, qui d’entre nous, descendants des ces martyrs, pourraient accepter qu’il n’y en ait pas une ? Ce serait en quelque sorte assimilable à un nouvel acte de mémoricide, comme la Vendée en a déjà connu depuis deux siècles.
Chantonnay, le 13 02 2016
Maurice BEDON
Ancien Conseiller Général
(de Vendée)