Courrier de l'Ouest Vendée, 29 novembre 2017 |
François Marcilhac
On est le seul pays où leur accès est gratuit. À Londres, l’entrée à l’abbaye de Westminster est fixée à 24 euros !» – oubliant de préciser qu’Anne Hidalgo, pour Notre-Dame, avait déjà eu la même idée au commencement de son mandat et qu’elle s’était alors vu opposer une fin de non-recevoir de l’archevêché de Paris. Bern, du reste, avoue qu’il ne fait que ressortir l’idée de «
la» maire de Paris, en reprenant l’argument de celle-ci dans son entretien au Parisien du 10 novembre : «
Une ville comme Paris n’a plus les moyens d’entretenir son patrimoine religieux.» Ce qui est faux. Première ville touristique du monde, Paris pourrait entretenir ses églises qui participent pleinement de son attractivité et lui rapportent donc… Tout est évidemment une question de choix : et ceux de «
Notre-Drame de Paris», c’est de privilégier les Jeux olympiques, pour lesquels le scandaleux voyage à Lima de la délégation française en septembre – 1,5 million d’euros – annonce un gaspillage financier sans précédent ; de subventionner des associations immigrationnistes ou LGBT ou de transformer la capitale en sanatorium festif en en chassant la voiture. Tout en laissant non seulement se délabrer ses églises, mais aussi proliférer les rats et transformer l’ancienne Ville Lumière en dernier dépotoir de France à ciel ouvert.
touriste» n’est pas une espèce du genre «
incroyant» –, on ne saurait réduire ce qui constitue l’âme d’un pays à des monuments d’un passé qu’on souhaiterait révolu – en l’occurrence le catholicisme comme passé religieux de la France –, et qui se visitent comme tels. Ni accepter que les «
derniers» croyants soient, comme les derniers Peaux-Rouges d’Amérique du Nord sur leur territoire, parqués dans quelque zone de la cathédrale encore réservée à la prière.
en même temps» : faire d’une cathédrale en même temps un musée dont on paie l’entrée et un lieu de prière aboutit à la réduction du spirituel au culturel, puis de celui-ci à sa rentabilité touristique.
figure», et non une «
réalité effective, une personne», comme le définit Boutang. Aux yeux de Macron, la verticalité n’est qu’une posture, dépourvue de toute transcendance véritable. Comme il le précise au Spiegel : en France, «
l’Église catholique a marqué la société d’une empreinte verticale de haut en bas[sic]
et je suis persuadé que cela[resic]
persiste». Le phénomène du souverain ne serait donc plus qu’un marqueur de notre rapport au pouvoir à la fois intangible mais dépourvu de toute signification (comme nos cathédrales devenues musées), ce que n’avaient compris ni Sarkozy, ni surtout Hollande. Les Français en auraient besoin comme d’une poudre aux yeux symbolique qu’il faut leur jeter pour mieux leur faire admettre, sous les atours royaux, la fin du politique dans un monde devenu «
poreux». Et d’ajouter : «
Non, je ne me prends pas pour un roi ! Mais, qu’on le veuille ou non[…]
: la France est un pays de monarchistes régicides. Paradoxe : les Français veulent élire un roi, et en même temps pouvoir le renverser quand ils veulent.» Réécriture pleine de signification des trois régicides (Henri III, Henri IV et Louis XVI), dont aucun ne fut la conséquence d’un consensus populaire. Au contraire, les deux premiers furent le fait d’illuminés armés par des conspirateurs ultra-minoritaires, le troisième ouvrit sur une guerre civile. Quant aux révolutions de 1830 et 1848, elles furent imposées par une fraction de Paris au reste de la nation.
Soleil cou coupé» (Guillaume Apollinaire, «
Zones», Alcools).