Charles Maurras |
Cardinal de Sevin |
Et pourtant, Charles Maurras, pour son livre magnifique L'Action française et la religion catholique (Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 1913), avait reçu la bénédiction de Pie X. En 1914, ce même pape, devant les cardinaux Sevin et de Cabrières ainsi que Camille Bellaigue, camérier de Pie X et maurrassien notoire, parlait ainsi du chef de l'A.F. : "Maurras e uno bel defensor della fide". Et le 31 octobre 1915 le cardinal Pierre Paulin Andrieu (1849-1935) ajoutait : "La petite patrie ne vous fait pas oublier la grande et vous la défendez avec une plume qui vaut certes une épée... Vous défendez aussi l'église et ce ne fut jamais plus nécessaire.... Vous défendez avec autant de courage que de talent".
Aujourd'hui encore, des haineux oublient volontiers, parce que cela les arrange, de préciser que le pape Pie XII a levé la condamnation de l'A.F. le 10 juillet 1939.
Cardinal de Cabrières |
J'ai parlé plus haut des nombreux médecins de l'Action française. Il y en avait quelques-uns en Anjou, à Cholet par exemple. A Angers, le Docteur Joseph Hébert de La Rousselière (†1979), je l'ai connu, avait présidé un moment la section d'Angers. Les avocats étaient aussi nombreux, comme le comte Tony Catta qui appartenait à cette mouvance comme son beau-père, René Bazin, qui figurait parmi les officiels lors de la magnifique après-midi du 25 juillet 1926 (un peu plus de trois ans après l'assassinant de Philippe Daudet, fils de Léon, le 22 novembre 1923), où 60.000 vendéens se pressaient au Mont des Alouettes, pour écouter les tribuns du mouvement, parmi lesquels Léon Daudet. Au nombre des présents il y avait le jeune Georges Grellier (†), futur membre de la Vendée Militaire et son père.
Léon Daudet |
Tony Catta est d'ailleurs l'auteur d'une brochure devenue fort rare, Quatre français chez Monseigneur le duc de Guise, imprimée en 1927, un an après la condamnation du mouvement royaliste et qui se vendait au bureau de "L'Ami de la vérité", passage Pommeraie à Nantes.
A l'A.F. il y avait aussi des ouvriers vignerons. Ce dernier métier était justement celui qu'a exercé durant toute sa vie Abel Pomarède (†), né en 1906 dans une famille royaliste et dans le petit village de Pemérols en Languedoc. Dans ses Mémoires, il se définit "comme royaliste de tradition avant de lire, à dix-huit ans, l'Enquête sur la Monarchie", de Charles Maurras, ouvrage qui a tant converti de républicains à la monarchie. Après cette lecture, Abel Pomarède se déclara alors "royaliste de conviction". Tradition et conviction c'est tellement mieux. Militant actif et passionné il était doué d'un véritable talent d'orateur pour animer les journées royalistes de sa région. Il fut très vite connu de tous et tout le monde l'appelait Abel. Parmi ses proches amis il comptait Boutang, Maurras et même le comte de Paris qu'Abel tutoyait et que le chef de la Maison de France appelait "le Prince des fidèles". Le comte de Paris l'invita aux mariages de plusieurs de ses enfants. Cela ne lui tournera pas la tête. Il restera vigneron et travaillera dans des vignes qui ne lui appartiendront jamais.
Abel Pomarède écrivit ses Mémoires d'un ouvrier vigneron royaliste qui furent publiés en 1978 et reçut le soutien de La Nouvelle Action Royaliste de Bertrand Renouvin. J'avais négligé de me procurer ce livre en ce temps-là. Fort heureusement C. Lacour, éditeur (place des Carmes, 25 bd Amiral Courbet à Nimes), a réédité ce livre en 2015 avec un avertissement de Jacques Plane. La préface de Gustave Thibon, grand ami d'Abel, figurant dans la première édition a été conservée - Dieu merci! - dans cette seconde édition. La terre rapprochait les deux hommes. Gustave Thibon écrit : "Abel est un paysan, un ouvrier agricole, l'homme d'un lieu, d'un métier, d'une tradition, rien en lui d'un idéologue de la monarchie, le royalisme coule dans son sang avant de passer dans sa pensée". On croit lire du Jean Yole...
Abel écrira ce qui suit en 1998 : "Un jour, les français qui commencent à en avoir assez chercheront autre chose. Peut-être simplement une famille à aimer et les lys refleuriront sur le trône de France".
Comme lui, gardons l'espérance de ces gens simples qui savent que la monarchie est notre "bien commun" venu du fond des temps et qui appartient à chaque français. C'est pourquoi il y avait des ouvriers, des cheminots, des paysans à l'Action française. Ils savaient que la monarchie était le régime le mieux adapté à chaque français. Le plus humble d'entre-eux savait que le roi était son défenseur. La monarchie reste notre espérance, notre prochain recours et tel est "le sens profond de notre "vive le Roi", comme disait Pierre Juhel. Vive le roi! ce mot est réconciliant et réjouissant. Le mot république évoque le régime des partis donc de la division permanente. Elle évoque la guillotine et les massacres de 1793 et 1794. Croyez au retour du roi. Nous ne serons peut-être plus là pour le prochain avènement, mais nos enfants ou nos petits-enfants verront la Restauration... La république tombera comme Rome, comme le mur de Berlin. Sur cela je n'ai aucun doute. "Tout désespoir en politique est une sottise absolue", disait Maurras dans L'Avenir de l'intelligence. "En république, m'a dit un homme politique, on est toujours dans le provisoire. Tout peut donc changer d'un instant l'autre". Comptons sur la Providence mais aidons-nous et le ciel nous aidera.
Dominique Lambert de La Douasnerie
Quelques exemplaires de l'ouvrage d'Abel Pomarède, Mémoires d'un ouvrier vigneron royaliste sont toujours disponibles auprès de C. Lacour, éditeur au prix de 15 euros (25 Bd Amiral Courbet, 30000 Nimes)
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