Maine-et-Loire : dans son grenier, il découvre des documents sur l’exil de la fille de Louis XVI
En arpentant le grenier de sa maison de famille, à La Jaille-Yvon, commune de Maine-et-Loire aux portes de la Mayenne, Lionel de Messey a déniché des documents l’invitant à se replonger dans l’histoire de Madame Royale. En 1795, celle-ci rallia l’Autriche en échange de prisonniers français.
De temps à autre, Lionel de Messey aime à grimper dans le grenier de la maison familiale, à La Jaille-Yvon, et se plonger dans « cet agglomérat de papiers », souvenirs du passé. Un passé très lointain, remontant jusqu’au XIIIe siècle. « Et parfois, j’y fais des découvertes dont celle-ci, totalement inattendue. »
La découverte en question est un ensemble de trois documents (des copies) conservés par son ancêtre Louis François Nicolas Antoine de Messey à l’époque où il était prévôt du département de la Seine (1815-1817). Ceux-ci retracent l’exil de Madame Royale (17 ans), fille aînée des défunts Louis XVI et Marie-Antoinette, depuis la prison du Temple à Paris vers l’Autriche en 1795, en échange de prisonniers français.
« Ceci devait se faire dans le plus grand secret… »
Sont ainsi compilés l’ordre de mission adressé par le ministre de l’Intérieur Bénezech au « citoyen Méchain, capitaine de cavalerie de conduire à Basle (Bâle) Marie-Thérèse Charlotte fille du dernier Roi » ; les instructions pour ce voyage ; et le rapport du capitaine Méchain.
La lecture de ce dernier permet de retracer tout le parcours du convoi « depuis la prison du Temple jusqu’à la frontière, avec toutes ses péripéties, s’amuse Lionel de Messey. Notamment celles liées au fait que ceci devait se faire dans le plus grand secret. Or, ce ne fut pas le cas. »
Un certain comte de Carletti, ambassadeur du grand-duc de Toscane, se fit en effet un malin plaisir à devancer le cortège sur le parcours, annonçant son passage. Celui-ci se vengeait ainsi d’une décision du Directoire qui, quelques semaines plus tôt, lui avait refusé une visite à Madame Royale au sein de la prison du Temple et demandé de quitter le pays.
« Deux sons de cloche très différents »
« Dans mon article (1) , je me suis attaché uniquement à la version de monsieur Méchain qui était très anxieux, à cheval sur ses prérogatives, ce que l’on peut comprendre,explique Lionel de Messey. Mais j’ai depuis découvert la version de Madame Royale dans une parution de la Revue des deux mondes datée de 1936. Elle s’est au contraire beaucoup amusée de la situation. Elle trouve l’accueil très chaleureux, les gens sont très contents de voir la princesse passer. Ce sont donc deux sons de cloche très différents. »
Symbole de son tempérament bien trempé, elle refusait aussi de se faire appeler Sophie comme l’exigeait la missive.
Un voyage de cinq jours
Le 26 décembre, après un voyage de cinq jours, Madame Royale fut remise entre les mains du Prince de Gavre dans une maison de campagne aux portes de Basle , écrit le capitaine Méchain.
Quelques jours plus tard, elle rejoignit sa famille autrichienne. En juin 1799, elle quitta ce pays et se rendit dans la Courlande, région passée depuis peu sous domination russe, pour y retrouver le duc d’Angoulême avec qui elle se maria. Elle y vécut aux côtés de Louis XVIII, son oncle.
Celui-ci la mit fréquemment dans la lumière, y compris une fois devenu roi à son retour en France, en 1815. En 1824, à la mort de Louis XVIII, Charles X, beau-père de Madame Royale, s’installa sur le trône.
La Révolution de Juillet en 1830 mit fin à la Restauration. La famille royale partit de nouveau en exil. Après avoir vécu dans plusieurs pays, Marie-Thérèse Charlotte de France s’éteignit en Autriche en 1851.
(1) Membre de l’association Présence du Haut-Anjou, basée à Château-Gontier, Lionel de Messey a écrit un article à ce sujet dans l’édition 2023 de Graines d’histoire en Haut-Anjou.
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