Amblard de Guerry Passeur de Mémoire |
Le 19 octobre 2019, à Chavagnes-en-Paillers, la Société d’Emulation de la Vendée présidée par Gil de Guerry organisait une journée à la mémoire d’Amblard de Guerry, l’une des âmes de la commémoration du bicentenaire vendéen de 1993.
Journée riche en souvenirs, en émotion, en évocation de la grandeur !
Notre vice-président Henry Renoul avec lequel le travail de réédition de "L’Eloge funèbre des Vendéens" avait été mené y était invité. Il nous transmet ce texte chargé de respect à l’égard d’Amblard de Guerry.
Amblard de Guerry, âme de la Vendée
Il existe des moments privilégiés. La Société d’Émulation de la Vendée, présidée par Gil de Guerry, en a offert un le samedi 19 octobre 2019, il y a un an à Chavagnes-en-Paillers, au cœur blanc de la Vendée Blanche. Quatre prestigieux intervenants qualifiés ont plus qu’évoqué l’extraordinaire personnalité d’Amblard de Guerry (1919-1996) devant une assistance gagnée par l’émotion des souvenirs et le message d’espérance laissé par ce
professeur atypique, cet historien de l’essentiel.
Il sera difficile de rendre compte de l’intensité des communications d’Alain Gérard, historien devenu vendéen, Thierry Heckmann, archiviste inspiré de la Vendée, Dominique Souchet, l’homme par qui le bicentenaire 1793 de la Vendée pris force et ampleur parce qu’il fut « au bon niveau » selon le conseil d’Amblard de Guerry et Philippe de Villiers allant de l’intime familial à l’essentiel.
L’émotion contagieuse de Gil de Guerry, neveu d’Amblard, a donné le ton. En écoutant les orateurs, chacun se remémorait ses rencontres, comme un élève se souvient de son maître, sa communion de pensée. Il était vivant ce 19 octobre et suscitait le même respect qu’il y a 25, 50 ou 75 ans !
Alain Gérard ouvrait sa communication sur le thème « Don de soi, enthousiasme et espérance ». L’historien a saisi l’occasion pour brosser un tableau des événements historiques vendéens qui retinrent l’attention, sans nostalgie, d’Amblard de Guerry au travers de ce que vécu sa famille, présente dans tous ces épisodes, glorieux ou désastreux des trois guerres de Vendée : 1793, 1815 et 1832. Sa paroisse natale – Chavagnes - bénéficie de sa patience et de son acharnement à reconstituer la population de 1793 pour en déduire celle subsistante après la guerre et le passage des colonnes infernales. Thierry Heckmann, l’un des amis d’Amblard, détaillera cet immense travail qui aura permis le martyrologe quasi-complet de cette paroisse avant internet !
Le drapeau blanc
La famille Guerry de Beauregard possède une trésor : le drapeau de La Rochejaquelein avec sa devise « Pro Aris, Rege et Focis » surmontée de « Vive Louis XVII ». Il inspire la réflexion. « Mais si le roi n’est plus rien, comment alors comprendre que les Vendéens aient pu, même tardivement, afficher Dieu et le roi sur leurs étendards ? Présentant l’Éloge funèbre des Vendéens prononcé en 1815 par l’abbé Jaunet, Amblard souligne que les insurgés n’entendent pas par là afficher une opinion politique, mais affirmer leur attachement à ce qui les constitue en société, au moment ou la Révolution, qui a largué toutes ses amarres, dérive inexorablement vers la Terreur » Alain Gérard résume ici la hauteur de vue d’Amblard de Guerry qui lui permet de dire son rêve : « il imagine deux drapeaux s’avançant l’un vers l’autre, portés par deux Vendéens. Le blanc, le « drapeau du passé », « est porté par un descendant des Blancs qui a peut-être des ancêtres bleus ; l’autre est porté par un descendant des Bleus, qui a peut-être des ancêtres blancs », et c’est celui « du présent et de l’avenir ». S’étant salués, ils s’échangent les drapeaux. Et Amblard de poursuivre son rêve, d’une France enfin réconciliée avec son histoire, toute son histoire, à l’ombre de la croix ». Vaste programme conclut Alain Gérard !
Amblard, libre enseignant au Maroc
Je précise ici que les communications complètes seront publiées dans un prochain numéro de Recherches Vendéennes, la revue annuelle de la Société d’Émulation de la Vendée et du Centre Vendéen de Recherches Historiques. Cet article ne constitue qu’une approche de cette magnifique journée dédiée à cette immense personnalité.
Dominique Souchet a été diplomate et pour ceux qui le connaissent l’est resté. Avant de revenir en Vendée et d’y accomplir différents missions et mandats, il a été conseiller culturel à l’Ambassade de France à Rabat où il a fait une rencontre qu’il raconte avec enthousiasme, tant « ce vendéen mystérieux » qui enseignait librement mettait d’intelligence dans ses méthodes éducatives, avec succès. Amblard de Guerry aura passé 33 ans de sa vie au Maroc, d’abord au séminaire des Pères de Chavagnes, puis librement après sa fermeture qui s’est faite « dans la capitulation générale de 68 ». Dominique Souchet a retrouvé dans les archives de l’Ulière ouvertes par Gil de nombreux témoignages d’anciens élèves, témoignages qui devraient inspirer les enseignants d’aujourd’hui et les conduire à se libérer des carcans pédagogiques de l’éducation nationale.
« A la bonne hauteur »
Pour beaucoup de ceux qui étaient présents ce samedi matin à Chavagnes, c’est à l’occasion du bicentenaire du soulèvement vendéen qu’ils ont rencontré et apprécié Amblard de Guerry. Dominique Souchet comme après lui Philippe de Villiers rappellera ce conseil péremptoire et bienveillant « Il faudra se situer à la bonne hauteur ! » Ce qui fut respecté par l’équipe réunie autour de Philippe et de Dominique. Le Mémorial des Lucs, la Chabotterie, le premier colloque de l’Ices, Amblard y était. Il fut le premier vendéen à saluer Alexandre Soljénitsyne le 25 septembre 1993 aux Lucs-sur-Boulogne.
Dominique Souchet l’a rappelé : j’ai eu l’honneur de le solliciter pour préfacer des textes épars de l’Abbé Jaunet que j’avais retrouvé dans les archives familiales et bibliothèques des quatre départements de la Vendée militaire, Amblard disait « militante ». J’ai passé des heures merveilleuses à l’Ulière, les soirs de l’hiver 1992-1993 pour assurer la mise en œuvre de ce projet. Je l’ai abondamment écouté, il m’a enseigné, a rectifié mes approximations vendéennes, m’a fait partager tout ce qui a été dit par les intervenants au point d’avoir avec lui une complicité respectueuse qu’on ne ressent que peu dans une vie. Je l’ai accompagné à la commémoration diocésaine de La Gaubretière lors de la bénédiction de la plaque dédiée à l’Abbé Jaunet dans le cimetière, à Mauléon pour l’inauguration de son vendéen de granit, au premier anniversaire de l’inauguration du Mémorial des Lucs pour un concert intime et grandiose, à l’hôpital de Cholet et à Chavagnes pour sa sépulture familiale.
De l’intime à l’essentiel
Philippe de Villiers conclura cette matinée par des souvenirs familiaux, leurs deux familles étant très proches. Il décrit l’atmosphère culturelle qui régnait à l’Ulière où l’on évoquait plus souvent Aristote, Saint Augustin ou Saint Thomas d’Aquin que les résultats de l’équipe de foot de Boulogne ou le vainqueur du criterium cycliste du Poiré-sur-Vie. Philippe de Villiers attribue à cette atmosphère sa détermination à créer le spectacle du Puy du Fou comme un Requiem aux Vendéens « morts sans sépulture ». Et il confie la demande de Gilbert de Guerry « Philippe, tu dois y aller » lorsque la présidence du Conseil général de la Vendée fut disponible.
On doit à Amblard de Guerry, Philippe de Villiers, Dominique Souchet, Thierry Heckmann, Alain Gérard et quelques autres cette très belle journée et Notre Bicentenaire Vendéen, à la bonne hauteur, celle qu’Amblard appelait de ses vœux et qu’il aura inspirée dans son intégralité. Son souvenir reste intact en nos mémoires.
Henry Renoul
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