La démarche était qualifiée de tournant historique. En 2018, les descendants de la famille La Rochejaquelein décidaient de mettre en vente le site de la Durbelière, à Saint-Aubin-de-Baubigné ( commune associée de Mauléon), dans les Deux-Sèvres, à une petite vingtaine de kilomètres de Cholet. L’endroit, place forte des guerres de Vendée (1793-1796), est emblématique du patrimoine mauléonnais. Sa renommée va d’ailleurs bien au-delà.

Les sept associés de la Société civile immobilière (SCI), représentés notamment par Jacques Malpel, convenaient alors qu’il était « temps de passer la main »​, tout en précisant qu’ils n’étaient pas pressés.

Qu’il y ait des contacts avec la mairie, c’est possible »

Jacques Malpel

Représentant de la SCI La Durbelière

Cinq ans plus tard, l’opération n’est pas finalisée et le ton reste sensiblement identique. « On prend notre temps »​, confirme Jacques Malpel, pour qui l’échéance théorique de la SCI au printemps 2023 n’occasionne pas de pression particulière en apparence. La durée de vie de la structure juridique, qui avait déjà été prorogée de trois ans en 2020, peut encore l’être de quelques mois si nécessaire…

Le dossier semble pourtant s’accélérer. Il y a près d’un an, l’intérêt d’investisseursavait été révélé. La piste privée venait alors spontanément à l’esprit. Désormais, les regards se tournent davantage vers la collectivité locale, qui semble être amenée à jouer un rôle dans l’opération. Sera-t-il central ? L’hypothèse prend de l’épaisseur depuis quelques semaines selon certaines sources, même si les principaux concernés restent évasifs. C’est, semble-t-il, le secret le mieux gardé de Mauléon ces temps-ci… Jacques Malpel, lui-même, joue la carte de la nuance. « Qu’il y ait des contacts avec la mairie, c’est possible. Mais chacun a sa partition à jouer. » ​De là à penser que des négociations restent à finaliser, il n’y a qu’un pas…

Sollicité à ce sujet, le maire de Mauléon Pierre-Yves Marolleau est tout aussi elliptique. « On suit le dossier depuis un an et demi »​, rappelle-t-il. « Il n’y a rien de fait, rien de décidé. On sait juste que la SCI doit se terminer dans quelques mois. Il va falloir que ce dossier avance. Évidemment, c’est un sujet important pour les Mauléonnais, au sens large. » ​Important au point d’engager financièrement la Commune ? D’abord silencieux, Pierre-Yves Marolleau fait observer que le château – ou plutôt ses ruines – « n’a aucune valeur. Le moment venu, on pourra communiquer. Encore une fois, il n’y a pas de décision de prise »​.

La vaste propriété s’étend sur près de 20 hectares. Outre le château, elle comprend des dépendances, des bois, un étang et des terres agricoles. Selon nos informations, l’étang et des terres agricoles ont déjà trouvé des acquéreurs.

Pour le reste, une éventuelle acquisition du site par la Ville de Mauléon passerait par une délibération du conseil municipal. Or, le sujet n’a pas (encore) été abordé, en séance publique tout au moins. Une reprise en main directe des lieux par la collectivité aurait évidemment du sens. Elle viendrait conforter l’usage qui en est déjà fait, par exemple au profit du centre socioculturel. Le label « Petite Cité de caractère » en serait renforcé ainsi que les actions portées par l’association La Durbelière. Les animations proposées depuis 2017 ont contribué à remettre en lumière un espace qui a un potentiel réel à fédérer localement mais aussi à attirer bien au-delà du cercle des habitants des environs. La perspective est donc plus que séduisante, sur le papier.

Fabien GOUAULT