17/11/2013

Petits échos du temps de la Constitution civile du clergé

   Le mardi 15 novembre 1791, la municipalité de Montrevault dénonce au procureur syndic de Saint-Florent une procession d'environ 450 personnes arrivées à onze heures du matin à Montrevault. Cette procession est de Vallet et se dirige vers Saint-Laurent-de-la-Plaine. L'autorité municipale de Montrevault, s'étant transportée sur la place publique pour la voir passer, lui représente que son attroupement est contraire au décret. Avertie de se séparer, elle continue sa marche et son chant. Quelques-uns interpellés refusent de donner leurs noms ; un seul est reconnu, un cordonnier de Vallet, nommé Fleury-Durand.
   La municipalité de La Pommeraye dénonce le même jour une autre procession de 30 personnes venant du Mesnil, ayant deux porteurs de cierges à leur tête. On reconnaissait Bondu aîné, tonnelier, maître d'école du Mesnil, et oncle de l'abbé Cruon, curé réfractaire de la même paroisse ; Mompas, métayer aux Côteaux, du Mesnil. On avait déjà signalé comme "chefs de procession" Jean Brossay, meunier, et Jean Malinge, fermier de Vaugirault, ce dernier "parfaitement connu pour son zèle infatigable à porter un cierge d'une grosseur considérable".
   On venait de partout à Notre-Dame de Charité, en Saint-Laurent-de-la-Plaine, où la Vierge apparaissait dans un chêne. Catherine et Marie Oger, Perrine Boulestreau, et Mme Bourel, femme d'un médecin de Saint-Laurent-sur-Sèvre., furent témoins des apparitions. Le 18 novembre 1791, une religieuse de Saint-Laurent-sur-Sèvre, écrivait à une religieuse de Nantes :
   "Mardi dernier (15 novembre 1791), nous avons eu dans notre église un spectacle aussi édifiant qu'attendrissant. Nos voisins ont fait un cierge de dix pieds de haut et gros en proportion. Ce cierge a trois branches en l'honneur de la Sainte Trinité. Au milieu du cierge est un christ en cire et une vierge aux pieds du christ ; plusieurs rubans noirs sont attachés au cierge. Je leur ai demandé la raison de tout cela ; ils m'ont dit que c'était pour prouver le deuil qu'ils avaient dans le cœur des outrages faits à notre religion et aux bons prêtres."
    Le même jour à huit heures, "ils firent dire la messe dans notre église (...) Au commencement de la messe ils entrèrent au nombre de 500 personnes avec le cierge (...) A la fin de la messe, ils allèrent à l'entour du cimetière chantant les litanies de la sainte Vierge et des saints, et ils partirent à jeun".
    Ils partirent pour se rendre à six lieues, "où était la chapelle de la sainte Vierge, qu'on a démolie" [au matin du lundi 29 août 1791] "et où la sainte Vierge parait depuis plusieurs mois" [depuis la mi-septembre 1791] "dans un chêne, à cinq ou six pieds de l'emplacement de la chapelle". Les pèlerins arrivèrent à huit heures du soir. Ils firent leurs prières sur les ruines de la chapelle. "Les habitants du lieu vinrent les prier de passer la nuit chez eux. Les femmes y furent, et les hommes restèrent à passer la nuit au pied du chêne, mais il ne virent pas la sainte Vierge. Le matin [du 16 novembre] les femmes s'y rendirent. Trois processions y étaient arrivées, la nuit. Il y en avait une de 22 lieues, et ils avaient trois jours de marche. Tous se prosternèrent à terre, pleurant amèrement, ne voyant pas la sainte Vierge, mais seulement comme une étoile. Enfin, redoublant leurs prières, cette sainte Vierge leur apparut tenant son divin fils dans les bras. Elle se rendit visible à tous (...), M. Bourel, le médecin, vient de nous dire que son épouse y avait été et qu'elle avait vu sur le chêne une couronne d'étoiles pareilles à celles du firmament. Il connait deux prêtres qui y sont allés et qui ont vu la sainte Vierge, de la grandeur d'un pied et demi, et brillant comme un soleil".
   Cette lettre a été publiée intégralement par le R.P. Dom François Chamard dans, Les Origines et les responsabilités de l'insurrection vendéenne, Paris, 1899, pp.417 et 418.


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