Au mois de
septembre dernier nous avons commencé à publier sur le blog de
« Vendée Militaire » une série d’articles dont nous
vous présentons aujourd’hui le cinquième point. Il s’agit en
réalité du sixième article puisque la dernière fois nous avons
accédé à vos demandes en doublant les exemples illustrant le point
IV. Cette série d’articles a pour objectif de montrer de quelle
manière les cartes postales, datant du tout début du XXème
siècle, peuvent aider à écrire l’histoire locale et par voie de
conséquence celle des Guerres de Vendée.
5°- Les cartes postales anciennes
conservent le souvenir des cérémonies mémorielles :
Les toutes
premières cartes postales réalisées à partir de photos (éditées
à Nancy ou à Paris) sont apparues dans le département de la Vendée
vers 1894. Et c’est Lucien Amiaud qui, au mois de novembre 1897, a
été le premier photographe vendéen à éditer des cartes postales.
Il a été suivi dès 1898 par Donatienne de Suyrot et par Jules Robuchon. Ce dernier utilisait encore, à cette date, des clichés réalisés sous le second empire. Pratiquement tout de suite, les photographes vont en venir à éditer des vues de cérémonies officielles, politiques, religieuses, scolaires, sportives ainsi que des accidents, des catastrophes naturelles et des faits divers.
Comme cérémonie, la première de la catégorie est sans doute l’inauguration de la statue de Sébastien Luneau à La Roche-sur-Yon le 22 mai 1899. Cette pratique a connu son âge d’or dans la période 1900-1914 ; et cela s’explique facilement car à cette époque l’usage de la photo n’est pas encore vraiment parvenu dans le domaine privé.
En outre, les journaux quotidiens ne sont pas encore illustrés de photos. On ne trouvait alors des illustrations que dans les périodiques (d’où d’ailleurs leurs noms : « l’Illustration » ou « le Monde Illustré » par exemple). La population avait donc le désir légitime de conserver le souvenir photographique d’un événement qu’elle avait vécu. Les photographes vont donc s’adapter pour attirer les clients en réalisant d’abord une seule photo souvenir, puis un reportage de plusieurs cartes numérotées, enfin de véritables carnets reliés.
C’est dans ce cadre qu’apparaissent ainsi les nombreuses photos d’évènements dans les domaines les plus divers. Malheureusement, il en existe trop peu dans cette production vendéenne qui concernent directement les Guerres de Vendée. La raison en est évidemment que les grandes associations de la Mémoire Vendéenne organisatrices d’évènements n’existaient pas encore à cette époque. Nous vous présentons tout même, ci dessous, une de ces cartes.
Il a été suivi dès 1898 par Donatienne de Suyrot et par Jules Robuchon. Ce dernier utilisait encore, à cette date, des clichés réalisés sous le second empire. Pratiquement tout de suite, les photographes vont en venir à éditer des vues de cérémonies officielles, politiques, religieuses, scolaires, sportives ainsi que des accidents, des catastrophes naturelles et des faits divers.
Comme cérémonie, la première de la catégorie est sans doute l’inauguration de la statue de Sébastien Luneau à La Roche-sur-Yon le 22 mai 1899. Cette pratique a connu son âge d’or dans la période 1900-1914 ; et cela s’explique facilement car à cette époque l’usage de la photo n’est pas encore vraiment parvenu dans le domaine privé.
En outre, les journaux quotidiens ne sont pas encore illustrés de photos. On ne trouvait alors des illustrations que dans les périodiques (d’où d’ailleurs leurs noms : « l’Illustration » ou « le Monde Illustré » par exemple). La population avait donc le désir légitime de conserver le souvenir photographique d’un événement qu’elle avait vécu. Les photographes vont donc s’adapter pour attirer les clients en réalisant d’abord une seule photo souvenir, puis un reportage de plusieurs cartes numérotées, enfin de véritables carnets reliés.
C’est dans ce cadre qu’apparaissent ainsi les nombreuses photos d’évènements dans les domaines les plus divers. Malheureusement, il en existe trop peu dans cette production vendéenne qui concernent directement les Guerres de Vendée. La raison en est évidemment que les grandes associations de la Mémoire Vendéenne organisatrices d’évènements n’existaient pas encore à cette époque. Nous vous présentons tout même, ci dessous, une de ces cartes.
Nous ne
connaissons pas l’origine de cette carte postale puisque le nom du
photographe, celui de l’éditeur et même le numéro de la série
n’y figurent pas. Elle revanche, elle porte le titre suivant :
« 1- La croix de Charette, Saint Sulpice le Verdon (Vendée) ».
La légende qui fait suite est plus informative :
« L’inauguration de cette croix élevée à l’emplacement
où, le 23 mars 1796 fut fait prisonnier le héros Vendéen Charette,
a donné lieu à la Chabotterie le 6 août 1911 à une fête
religieuse et royaliste à laquelle assistèrent 4000 personnes.
Cette vue représente l’instant même de la bénédiction de la
croix que l’on aperçoit entourée de plusieurs drapeaux de l’armée
vendéenne, ainsi que de l’étendard de Patay ».
Ce petit texte nous apprend un certain nombre de choses intéressantes : la date de l’inauguration (6 août 1911), le nombre de participants (4000 personnes) et la présence d’une copie du drapeau de Jeanne d’Arc à la bataille de Patay. Ce dernier commémorait sans doute la béatification de la Pucelle d’Orléans neuf ans plus tôt en 1902 (elle sera canonisée en 1920).
On ne manquera pas de remarquer, qu’aux yeux de l’imprimeur, être respectueux de la mémoire vendéenne, c’est forcément être royaliste ! Enfin le n° 1 prouve qu’il doit exister certainement d’autres cartes postales sur le même thème et qu’il reste naturellement aux collectionneurs le soin de les découvrir.
Cette carte postale ancienne est actuellement la seule que nous connaissions qui puisse illustrer vraiment les inaugurations liées à la Mémoire Vendéenne dans le département de la Vendée.
Ce petit texte nous apprend un certain nombre de choses intéressantes : la date de l’inauguration (6 août 1911), le nombre de participants (4000 personnes) et la présence d’une copie du drapeau de Jeanne d’Arc à la bataille de Patay. Ce dernier commémorait sans doute la béatification de la Pucelle d’Orléans neuf ans plus tôt en 1902 (elle sera canonisée en 1920).
On ne manquera pas de remarquer, qu’aux yeux de l’imprimeur, être respectueux de la mémoire vendéenne, c’est forcément être royaliste ! Enfin le n° 1 prouve qu’il doit exister certainement d’autres cartes postales sur le même thème et qu’il reste naturellement aux collectionneurs le soin de les découvrir.
Cette carte postale ancienne est actuellement la seule que nous connaissions qui puisse illustrer vraiment les inaugurations liées à la Mémoire Vendéenne dans le département de la Vendée.
Cette deuxième
carte postale, portant le numéro 3132, a été réalisée par « les
éditions Moreau. Photo. Rocheservière », vers 1920. Il s’agit
naturellement de la croix de Charette dont on voyait l’inauguration
sur la carte postale précédente. Cette nouvelle carte existe
d’ailleurs en deux versions chez le même éditeur, portant toutes
les deux le numéro 3132.
Mais il s’agit bien de deux clichés avec des niveaux d’ensoleillement différents, de la végétation légèrement dissemblable et de la patine plus ou moins présente sur le monument. En revanche la légende ci-après est commune : « Erigée le 6 août 1911 sur la lisière du bois de la Chabotterie (Saint Sulpice le Verdon, Vendée), à 3 mètres de la cosse de frêne, derrière laquelle, après un acharné combat, fut pris le héros Vendéen, par le capitaine Vergès et le général Travot, le 23 mars 1796. Transporté dans la cuisine du château pour y panser ses blessures, on le conduisit à Nantes, où il fut fusillé sur la place Viarmes, le 29 mars 1796 ».
Outre cette légende étonnement longue et précise, on peut aussi lire des inscriptions gravées sur les pierres de la croix. Au centre du socle, il est inscrit : « ici fut pris par le général Travot, le général Vendéen François Athanase CHARETTE de la Contrie le 23 mars 1796 + ». Sur un listel figurant sur le piédestal on distingue : « Pour ma religion, ma patrie et mon roi » (interrogatoire de Charrette à Nantes le 29 mars, jour de sa mort).
Une fleur de lys est sculptée à l’extrémité de chacun des bras de la croix proprement dite et un sacré cœur à la croisée. On aperçoit en outre, au pied de la croix, un petit blason portant les armoiries de la famille et qui semble se lire héraldiquement ainsi : « d’argent au lion rampant de sable, armé et lampassé de gueules, accompagné en pointe de trois merlettes du même, becquées et onglées du même, posées deux et un », sommé d’une couronne de marquis. Sur la partie supérieure du socle sont en outre sculptés en faisceau, d’une part un vieux fusil, une faux, un pistolet, un médaillon fleurdelisé et d’autre part un sabre, une pique et un drapeau.
Mais il s’agit bien de deux clichés avec des niveaux d’ensoleillement différents, de la végétation légèrement dissemblable et de la patine plus ou moins présente sur le monument. En revanche la légende ci-après est commune : « Erigée le 6 août 1911 sur la lisière du bois de la Chabotterie (Saint Sulpice le Verdon, Vendée), à 3 mètres de la cosse de frêne, derrière laquelle, après un acharné combat, fut pris le héros Vendéen, par le capitaine Vergès et le général Travot, le 23 mars 1796. Transporté dans la cuisine du château pour y panser ses blessures, on le conduisit à Nantes, où il fut fusillé sur la place Viarmes, le 29 mars 1796 ».
Outre cette légende étonnement longue et précise, on peut aussi lire des inscriptions gravées sur les pierres de la croix. Au centre du socle, il est inscrit : « ici fut pris par le général Travot, le général Vendéen François Athanase CHARETTE de la Contrie le 23 mars 1796 + ». Sur un listel figurant sur le piédestal on distingue : « Pour ma religion, ma patrie et mon roi » (interrogatoire de Charrette à Nantes le 29 mars, jour de sa mort).
Une fleur de lys est sculptée à l’extrémité de chacun des bras de la croix proprement dite et un sacré cœur à la croisée. On aperçoit en outre, au pied de la croix, un petit blason portant les armoiries de la famille et qui semble se lire héraldiquement ainsi : « d’argent au lion rampant de sable, armé et lampassé de gueules, accompagné en pointe de trois merlettes du même, becquées et onglées du même, posées deux et un », sommé d’une couronne de marquis. Sur la partie supérieure du socle sont en outre sculptés en faisceau, d’une part un vieux fusil, une faux, un pistolet, un médaillon fleurdelisé et d’autre part un sabre, une pique et un drapeau.
Cette troisième carte postale, portant le N°19, a été réalisée par Lucien Amiaud à La Roche sur Yon en 1900. Elle porte la légende suivante : « Le chêne de la Petite-Chevasse où fut arrêté le général Charrette pendant les guerres de Vendée (1796) ». C’est un véritable document puisqu’elle représente l’endroit précis, resté à peu près dans l’état d’origine, où fut arrêté Charette le 23 mars 1796.
En effet, les responsables du XIXème siècle (et on dit souvent que ce dernier ne s’est terminé qu’en 1914) ne pouvaient concevoir de conserver un lieu sans le sanctuariser. Et pour ce faire, ils étaient amenés à modifier un peu (ou même totalement) l’aspect d’origine pour pouvoir le monumentaliser plus facilement. C’est à peu près, mais dans une moindre mesure, ce qui s’est passé ici en 1911 lors de l’installation de la croix.
Cette carte postale est donc très précieuse en ce sens. Toutefois, comme elle a été réalisée avant 1903 au cours de la période dite « des précurseurs », son petit format ne permet pas de distinguer grand chose. Il est vrai que la fameuse cosse de frêne, conservée avec soins depuis 1796, avait été détruite malencontreusement, en 1871, par un jardinier ignorant.
Nous ne pouvons pas faire autrement que de vous rappeler ici brièvement les circonstances de l’arrestation de Charette à cet endroit. L’abbé Auguste Billaud nous a d’ailleurs laissé un récit détaillé et particulièrement vivant de cette fin d’épopée, que nous allons vous résumer.
Traqué par les soldats depuis la veille, Charrette avait passé la nuit du 22 au 23 mars 1796 à la Pellerinière aux Lucs-sur-Boulogne. En se levant, il aperçoit les bleus du 4ème bataillon du commandant Gauthier à un kilomètre au nord. Regroupant la quarantaine d’hommes qu’il a encore avec lui, il se dirige à l’est vers le village de la Guyonnière. Cette fois-ci ce sont les cent cinquante grenadiers de l’adjudant général Valentin qui sont face à lui et le pourchassent. Son adjoint Pfeiffer, qui lui a emprunté son chapeau pour tromper l’ennemi, est abattu à sa place. Après deux heures de combat Charrette et ses hommes s’échappent toujours vers l’est, au Sableau. Valentin les retrouve à cet endroit, ils s’échappent de nouveau toujours vers l’est, à la Boulaye dans la paroisse de Saint Denis-la-Chevasse en direction du bois de l’Essart. A cet endroit, une quatrième troupe de 350 chasseurs à cheval commandée par le général Travot débouche devant eux. Charrette est cerné, mais il tente une sortie. Blessé de deux balles, à la tête et à l’épaule, son sang l’aveugle. Son domestique Bossard qui tente de le porter est abattu. Un cheval le traîne péniblement jusqu'à la fameuse cosse de bois de frêne où il perd connaissance. Le capitaine Vergès, d’un coup de sabre lui coupe trois doigts de la main gauche. Travot arrive et se saisit du prisonnier, mais il doute encore de son identité. « - Où est Charrette ? - Le voilà - C’est bien vrai ? - Oui, Foi de Charrette - Serais tu donc Travot ? - Oui - A la bonne heure, c’est à toi seul que je voulais me rendre ». Il est midi et demie et la troupe se dirige vers le château voisin de la Chabotterie.
Si le patrimoine
des cartes postales du département n’est pas très riche pour
illustrer les manifestations ou les cérémonies liées au souvenir
des Guerres de Vendée, il ne l’est guère plus pour évoquer les
spectacles de théâtre ou de reconstitutions historiques.
Il ne faut évidemment pas en chercher dans les théâtres officiels, mais dans les spectacles amateurs de patronages paroissiaux ou de certains établissements scolaires, comme ceux de Saint Gabriel à Saint Laurent-sur-Sèvre ou de Mirville (Richelieu) à La Roche-sur-Yon.
Pour l’instant nous n’en avons pas trouvé. Aussi, nous ne pouvons que vous montrer cette carte postale, non numérotée, éditée par G. Fillodeau, photographe 7 rue Paul Baudry à La Roche-sur-Yon. Elle représente un spectacle champêtre donné dans la commune de Mouilleron-le-Captif, dans le parc du château de Beaupuy appartenant alors au marquis de Tinguy de la Giroulière. Il s’agit d’un drame historique, intitulé « Les Géants de Vendée », écrit par M. Clénet, mis en scène par le comte de Tailhac et joué le 20 juillet 1913. Dans cette scène l’acteur déclame en vers de huit pieds :
Il ne faut évidemment pas en chercher dans les théâtres officiels, mais dans les spectacles amateurs de patronages paroissiaux ou de certains établissements scolaires, comme ceux de Saint Gabriel à Saint Laurent-sur-Sèvre ou de Mirville (Richelieu) à La Roche-sur-Yon.
Pour l’instant nous n’en avons pas trouvé. Aussi, nous ne pouvons que vous montrer cette carte postale, non numérotée, éditée par G. Fillodeau, photographe 7 rue Paul Baudry à La Roche-sur-Yon. Elle représente un spectacle champêtre donné dans la commune de Mouilleron-le-Captif, dans le parc du château de Beaupuy appartenant alors au marquis de Tinguy de la Giroulière. Il s’agit d’un drame historique, intitulé « Les Géants de Vendée », écrit par M. Clénet, mis en scène par le comte de Tailhac et joué le 20 juillet 1913. Dans cette scène l’acteur déclame en vers de huit pieds :
« Malheur au premier qui s’approche,
Devant la croix se tient Ripoche, ».
Nous connaissons deux autres cartes postales au moins de cette série,
montrant d’autres scènes du même spectacle, en particulier :
« Aux carrefours de ma Vendée,
Je fais le salut de
l’épée,
Aux croix immortelles de Dieu, »
Chantonnay le 21 novembre 2015
Maurice BEDON
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