Depuis le mois de
septembre 2015, nous avons entrepris ici sur le blog de « Vendée
Militaire » la parution d’une série d’articles dont nous
vous apportons aujourd’hui la suite. Il s’agit du sixième point
mais en réalité du septième article puisque le point IV a été
doublé. Cette série d’articles continue à avoir pour objectif de
montrer de quelle manière les cartes postales vendéennes, datant du
tout début du XXème siècle, pouvaient aider à écrire
l’histoire locale et par voie de conséquence celle de
l’insurrection de l’Ouest dite « Les Guerres de Vendée ».
6 - Les cartes postales anciennes
ont permis de faire connaître les monuments des Guerres de Vendée :
Est-il vraiment
utile de préciser qu’il n’existait pas encore de
photos et donc de photographes sur les champs de bataille des Guerres
de Vendée ? Rappelons, encore une fois, que les premières cartes
postales sont apparues en Vendée vers 1894 et le premier éditeur
vendéen (Lucien Amiaud) n’a commencé que trois ans plus tard en
1897.
Ces premières cartes postales illustrées, non plus de dessins mais de photos, ont connu tout de suite un vif succès. Et ce dernier a fait très rapidement tache d’huile. Elles permettaient en effet à un public de plus en plus large de voir des grands édifices ou des sites qu’il n’avait ni les moyens financiers, ni le temps de loisirs suffisant pour aller visiter. C’est ainsi qu'au plan national, la tour Eiffel, le Mont Saint-Michel, le château de Versailles, la grotte de Lourdes etc.. sont devenus célèbres. De la même façon, dans le département de la Vendée, certains lieux ont été connus, même par ceux qui ne les avaient jamais vus : la Place Napoléon à La Roche-sur-Yon, le remblai et la plage des Sables d’Olonne, la grotte de Mervent, ou le port de Saint Gilles-Croix-de-Vie. De manière identique, l’existence des premiers monuments liés aux Guerres de Vendée fut ainsi mieux connu du grand public.
Notre objectif aujourd’hui n’est pas de vous en faire une liste exhaustive (même si ce serait un travail intéressant à faire), mais seulement de vous en citer quelques exemples pour illustrer notre propos. Nous commencerons par la chapelle du Mont des Alouettes qui, compte tenu de l’importance du sujet suffira à occuper toute la rubrique aujourd’hui.
Ces premières cartes postales illustrées, non plus de dessins mais de photos, ont connu tout de suite un vif succès. Et ce dernier a fait très rapidement tache d’huile. Elles permettaient en effet à un public de plus en plus large de voir des grands édifices ou des sites qu’il n’avait ni les moyens financiers, ni le temps de loisirs suffisant pour aller visiter. C’est ainsi qu'au plan national, la tour Eiffel, le Mont Saint-Michel, le château de Versailles, la grotte de Lourdes etc.. sont devenus célèbres. De la même façon, dans le département de la Vendée, certains lieux ont été connus, même par ceux qui ne les avaient jamais vus : la Place Napoléon à La Roche-sur-Yon, le remblai et la plage des Sables d’Olonne, la grotte de Mervent, ou le port de Saint Gilles-Croix-de-Vie. De manière identique, l’existence des premiers monuments liés aux Guerres de Vendée fut ainsi mieux connu du grand public.
Notre objectif aujourd’hui n’est pas de vous en faire une liste exhaustive (même si ce serait un travail intéressant à faire), mais seulement de vous en citer quelques exemples pour illustrer notre propos. Nous commencerons par la chapelle du Mont des Alouettes qui, compte tenu de l’importance du sujet suffira à occuper toute la rubrique aujourd’hui.
La chapelle du
Mont des Alouettes aux Herbiers :
Cette première
carte postale a été réalisée par Eugène Poupin, de
Mortagne-sur-Sèvre, que nous avons déjà rencontré plusieurs fois
sur le thème des Guerres de Vendée. Elle porte le numéro 391 et a
été imprimée en 1904, trois mois après une autre carte numérotée
241 que nous avons présentée précédemment. D’ailleurs,
exactement la même légende est imprimée sur ces deux cartes :
« ces moulins jouèrent un rôle dans les guerres de Vendée.
L’orientation de leurs ailes était un signal pour l’armée
royale qui se basait sur leurs indications ». Le photographe
n’a pas pris ce cliché pour la chapelle mais plutôt pour
l’ensemble des moulins sur la colline. Elle se trouve en haut, à
gauche en bordure de la route de Saumur (RD 160). Le cliché a été
pris à partir de la route, au nord sur la colline suivante, près du
hameau de la Vachonnière. On remarquera au passage que la route est
longée par une ligne télégraphique avec des poteaux assez récents.
Cette seconde
carte postale, portant le n°117, a été mise sur le marché en 1904
(le cachet de la poste porte la date d’expédition 1907). Elle a
été éditée par la « collection G.M.D – Dugleux phot, La
Roche-sur-Yon ». L’éditeur yonnais Gustave Moreau
venait en effet de s’associer avec Paul Dugleux, photographe
rue Paul Baudry dans cette même ville. La collection sera bientôt
connue sous le nom de « La Vendée pittoresque ». Elle
porte la légende suivante : « construite par la duchesse
d’Angoulême en 1828 sur le plateau dont elle porte le nom, à 300
mètres d’altitude, en mémoire de l’insurrection vendéenne ».
Nous avons assez peu l’habitude de rencontrer Paul Dugleux sur un
thème touchant aux Guerres de Vendée. Il était en effet le
photographe officiel des grandes figures politiques de la IIIème
République dans le département. De plus, on a un peu de mal à
imaginer la duchesse d’Angoulême construisant avec une pelle et
une brouette ! En examinant bien minutieusement la façade, on se
rend compte de toutes les parties inachevées : absence de statues
dans les niches, succession de pierres dégrossies en forme de cubes
attendant d’être sculptées, câbles restés à l’état brut,
inscriptions au fronton non réalisées etc….
Cette quatrième
carte postale porte le numéro 670 et la signature « Jehly-Poupin ».
Elle a été postée en 1921. Pourtant, il s’agit vraisemblablement
d’un vieux cliché réalisé par Eugène Poupin vers 1905 et
réédité par son gendre et successeur Victor Jehly vers 1919 (la
plaque a été endommagée en bas dans le coin droit). L’habillement
des dames présentes au premier plan est effectivement antérieur à
la première guerre mondiale. On aperçoit cette fois-ci le chevet
semi- circulaire de la petite chapelle. Il est éclairé de cinq baies
simples et étroites, ponctuées de contreforts et dominées de
pinacles. Au début du XXème siècle l'un d’entre eux
est déjà endommagé.
A l’époque de
la Restauration, le 18 septembre 1823, 15 000 vendéens étaient
venus au mont des Alouettes aux Herbiers pour accueillir la fille de
Louis XVI, S.A.R Marie-Thérèse duchesse d’Angoulême, en visite
officielle en Vendée. Une grande tente avait été dressée pour la
circonstance près de la route, à l’endroit qui offre la plus belle
vue sur la contrée. Comme la duchesse avait ce jour là émis le
vœu que l’on élève une chapelle expiatoire, en mémoire des
vendéens morts durant l’insurrection, on choisit pour ce faire
l’emplacement exact de la tente. La première pierre de cet édifice
fut posée le 18 septembre 1825 par Elisabeth de Lespinay vicomtesse
de Curzay (représentante de la princesse) et monseigneur
René-François Soyer évêque de Luçon.
Le cahier des charges en vue de la construction fut établi le 18 novembre 1826 et les plans dressés en 1827 par l’architecte nantais Mocquet. Ils prévoyaient une nef unique de 8 m 50 de longueur et de 4 m 50 de largeur, construite en granit de Mortagne. L’architecte avait décidé d’utiliser un style tout à fait novateur (si on peut dire) en 1827, le néo-gothique. En Vendée, à cette date, on continuait à reconstruire les églises en style néo-classique, comme à Saint-Louis de La Roche-sur-Yon. Il fallut en effet attendre 26 ans pour que la première église vendéenne, construite dans ce style, voit le jour à Chavagnes-en-Paillers en 1853.
Le cahier des charges en vue de la construction fut établi le 18 novembre 1826 et les plans dressés en 1827 par l’architecte nantais Mocquet. Ils prévoyaient une nef unique de 8 m 50 de longueur et de 4 m 50 de largeur, construite en granit de Mortagne. L’architecte avait décidé d’utiliser un style tout à fait novateur (si on peut dire) en 1827, le néo-gothique. En Vendée, à cette date, on continuait à reconstruire les églises en style néo-classique, comme à Saint-Louis de La Roche-sur-Yon. Il fallut en effet attendre 26 ans pour que la première église vendéenne, construite dans ce style, voit le jour à Chavagnes-en-Paillers en 1853.
La construction, évidemment soumise à l’arrivée des dons, débuta
mollement : la Duchesse d’Angoulême avait pourtant donné 10
000 Francs, et le Conseil Général 15 000. Ce qui fait qu’au
moment de la révolution de juillet 1830 elle n’était pas encore
achevée. Le nouveau pouvoir du roi Louis-Philippe Ier, en
désaccord évident avec les légitimistes, ne s’intéressait pas
au monument, surtout après l’équipée de La duchesse de Berry en
1832. Les travaux ne furent pas immédiatement interrompus, mais on
se contenta d’épuiser seulement les crédits déjà alloués. Le
gros œuvre fut à peu près mené à terme mais à minima. Par
exemple, la belle toiture prévue en tuiles clouées, dites à
écailles, qui figurait sur le devis pour 90 000 tuiles plates et
pour 10,5 kg de clous, fut remplacée par des tôles de zinc.
L’édifice inachevé resta donc en l’état. Après 1848, le
Conseil Général envisagea même de le démolir, mais le montant
très élevé du devis l’en dissuada.
Il resta donc,
durant le reste du XIXème siècle et le milieu du
XXème, dans l’état que nous pouvons voir sur les quatre
cartes postales ci-dessus, pratiquement celui d’une espèce de
ruine. La Varende disait à son propos : « le vent gémit
dans toutes les ogives vides et c’est l’âme du pays malcontent
qui pleure avec lui ». Le 21 juin 1922, le conseil général de
la Vendée accepta de s’en dessaisir au profit de la comtesse
Antoinette de Bermont d’Auriac, veuve du maire des Herbiers.
Celle-ci avait en effet proposé de l’acheter pour en achever la
construction. Malheureusement, elle ne put concrétiser ses vœux.
Lors de son décès en 1945, elle légua par testament l’ensemble
de ses biens au diocèse de Luçon. La chapelle des Alouettes faisait
partie de la donation.
Entretemps la
chapelle servit de cadre aux grandes manifestations politiques ou
religieuses. Le 25 juillet 1926 l’Action Française et son tribun, Léon Daudet, réunirent ici 60 000 personnes de Vendée
et des départements voisins. On comptait parmi eux René Bazin de
l’Académie Française, René Vallette président de la Revue du
Bas-Poitou, de la Vrigniais sénateur de la Vendée, le comte de
Suyrot président local, le colonel de Bermont d’Auriac, Rampillon
de la Largère, Joseph de Charrette, Basile Clenet etc.. A proximité
de la chapelle, sur la colline, on avait installé un grand calvaire en
granit lors de la mission de 1920 et une statue de la vierge au cours
de celle de 1952. Autre époque et autre manifestation, en 1943
pendant la seconde guerre mondiale, une foule énorme se regroupa au
Mont des Alouettes pour attendre le passage de la statue de
Notre-Dame de Boulogne qui parcourait la France.
L’idée
d’achever enfin la chapelle fut reprise vers 1962 par Jean LAGNIAU,
historien local, et Pierre CHATRY, maire des Herbiers et Conseiller
Général. Elle reçut l’accord de l’évêché de Luçon,
propriétaire, et l’appui financier du S.V., présidé par le Docteur
Coubard. L’architecte Ferré, de Nantes, fut chargé de l’opération.
Il fut décidé de restaurer les parties endommagées, de
remplacer la toiture en tôles de zinc par une plus élégante en
cuivre, de substituer la grille par un portail en bois, d’ajouter
des remplages dans les baies (de forme simplifiée par rapport à
ceux prévus à l’origine) et enfin de poser des vitraux. On
utilisa pour cela du granit des Chatelliers-Chateaumur, provenant du
chantier de démolition du château de Ker-Ennic à La Flocellière
(XIXème). On installa également au fond de la nef
l’ancien autel provenant de l’abbaye de la Grainetière en
Ardelay (Les Herbiers).
Cette idée n'était pas forcément la meilleure car, de notre point de vue, l' emplacement le plus judicieux pour mettre l'autel de la Grainetière serait l'église restaurée de cette abbaye. La chapelle ainsi transformée fut inaugurée et bénite le 28 avril 1968 par monseigneur Charles PATY évêque de Luçon, en présence de son prédécesseur, monseigneur Antoine-Marie Cazaux, des évêques d’Angers et de Poitiers, ainsi que de 3 000 vendéens.
Cette idée n'était pas forcément la meilleure car, de notre point de vue, l' emplacement le plus judicieux pour mettre l'autel de la Grainetière serait l'église restaurée de cette abbaye. La chapelle ainsi transformée fut inaugurée et bénite le 28 avril 1968 par monseigneur Charles PATY évêque de Luçon, en présence de son prédécesseur, monseigneur Antoine-Marie Cazaux, des évêques d’Angers et de Poitiers, ainsi que de 3 000 vendéens.
Chantonnay, le 23
décembre 2015
Maurice
BEDON
Le Mont des Alouettes culmine a 232 mètres d'altitude et le point culminant de la Vendée est Saint-Michel-Mont-Mercure à 287 mètres. Aucune colline du Bocage n'atteint 300 mètres. Ce n'est pas la première inexactitude qui se note dans les propos de cet auteur.
RépondreSupprimerAmicalement
Le respectable lecteur a cru noter une inexactitude dans les propos de l'auteur,mais il commet là une première erreur car les <<300 mètres>> incriminés sont placés entre guillemets dans le texte.Le lecteur attentionné ne peut pas ignorer qu'il s'agit de ce fait d'une citation et en l'occurence la citation de la légende placée par le photographe.Il convient évidemment, dans ce cas,d'adresser le reproche à ce dernier.Je crains toutefois que cela soit un peu difficile, l'adresse actuelle de Paul Dugleux étant le cimetière de La Roche sur Yon depuis près d'un trois quarts de siècle.Le lecteur cultivé a commis une seconde erreur. Tout le monde sait,en effet que le point culminant topographique du département de la Vendée n'est ni le Mont des Alouettes (232m) ni Saint Michel Mont Mercure(287m) mais la colline du Puy Crapaud dans la commune de Pouzauges(296m)La belle statue de Saint Michel terrassant le mal (incarné par un dragon) installée au sommet du clocher de Saint Michel Mont Mercure(39m) n'est en fait que l'édifice le plus élevé de Vendée, inaugurée en 1897,la duchesse Angoulême n'a pas pu la connaître(en 1823)et Paul Dugleux la connaissait à peine quand il a réalisé sa photo(1904)
RépondreSupprimerQuand on veut critiquer les autres, il ne faudrait pas commettre d'erreurs soi-même ! Le « respectable (M. Bedon est bien courtois !) lecteur » devrait déjà savoir que "a" préposition s'écrit avec un accent grave [ culmine a 232 mètres d'altitude ] . Mais, passons, il ne faut pas en demander trop à quelqu’un qui sait à peine lire.
RépondreSupprimerMonsieur le lecteur approximatif, j’ai utilisé ci-dessus des guillemets (il est vrai que vous ne devez pas savoir ce que c’est, alors j’explique : ce sont les signes typographiques de ponctuation suivants : « » ) : c'était pour indiquer une citation tirée de la réponse de M. Bedon, comme il en avait utilisé lui-même dans son article pour indiquer la citation tirée du texte de la carte postale. J'aurais pu également écrire : le « respectable » lecteur. C'eût été l'emploi dit "ironique" des guillemets pour indiquer qu'en l’occurrence ce mot était du plus haut comique.
En ce qui concerne le point culminant de la Vendée, il ne faut pas se contenter de ce que l'on trouve sur Wikipédia mais savoir consulter les anciens documents et les archives (aïe, c'est un peu difficile à lire pour un débutant !).