L’historien Alain Gérard a rendu public ce 22 avril le rapport qui lui avait été commandé par les présidents du Conseil régional des Pays de la Loire et du Conseil départemental de la Vendée ainsi que le maire du Mans, ville où ont été découverts 154 squelettes de victimes des massacres de décembre 1793. A noter que les autorités des Deux-Sèvres, de Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire, territoires desquels sont partis des combattants vendéens pour accomplir la campagne d’Outre-Loire, n’ont pas eu le loisir de participer à la désignation d’un historien : Jean-Clément Martin ou Reynald Secher aurait sans doute eu des préconisations différentes, tout autant argumentées. Le rapport de l’anthropologue Elodie Cadot, désignée par les mêmes autorités, est attendu par tous les fidèles de la mémoire vendéenne.
Dieu et le Roi
Depuis que la mémoire vendéenne existe, soit 220 ans, personne n’a jamais dissocié la religion catholique de l’ordre traditionnel d’exercice du pouvoir en France, pouvoir qui précisément assurait la liberté religieuse. Pendant la guerre de Vendée, les armées étaient « catholiques et royales », les drapeaux affichaient « Dieu et le Roi » ou « Pro Deo, pro Rege, pro Aris ». Aucune ambiguïté. Dès la Restauration, après le départ de Napoléon, les combattants survivants ou leurs familles ont reçu des pensions et des décorations émanant du pouvoir royal. Et la Vendée Militaire s’est couverte de monuments et de calvaires qui ne dissociaient pas ces deux fidélités : la chapelle Charette à Legé, la colonne de Torfou, la statue de Louis XVI au Loroux-Bottereau, le tombeau de Bonchamps à Saint-Florent-le-Vieil. La chapelle du Mont des Alouettes fait partie de cette volonté de commémorer l’épopée des Géants de la Vendée et la cruelle répression des Colonnes infernales, quelques soient la princesse, le préfet ou l’anonyme à l’origine de ces édifications. La Monarchie de Juillet, considérée comme usurpatrice par les Vendéens mis un coup d’arrêt à cette mémoire inscrite dans la pierre.
Et lorsque le Souvenir Vendéen, créé par le Docteur Coubard en 1932 a entrepris la restauration et l’achèvement de la chapelle du Mont des Alouettes en 1962, ses plus sûrs alliés étaient le clergé et les évêques de la Vendée Militaire qui étaient tous présents avec l’abbé de Bellefontaine lors de la bénédiction solennelle de la chapelle, le 28 avril 1968. Le Souvenir Vendéen éditait à cette occasion une très belle plaquette. Personne ne s’y est trompé. Mgr Paty, évêque de Luçon déclarait lors de cette bénédiction : « désormais ce Mémorial achevé avec goût restera un haut-lieu du souvenir et de la prière… Cette colline doit rester un signe pour la Vendée …, qui s’étend sur quatre départements et dont je salue respectueusement les autorités civiles et les évêques qui participent à cette cérémonie ». Aucune allusion à des faits concrets qui se seraient déroulés sur cette colline pendant la guerre si ce n’est le rôle que tenaient les moulins. C’est cet esprit que les promoteurs du projet des Alouettes souhaitent maintenir et développer : Ne pas mentir !
Tous ces officiels et le peuple vendéen qui assistaient à ce grand moment de la mémoire se doutaient-ils qu’en fait ils inauguraient, sous la Ve République, un haut-lieu de la mémoire royaliste, détaché du souvenir des victimes de la guerre de Vendée ! La visite de Léon Daudet ou celle, confidentielle, des Ainés des Capétiens de la branche des Bourbons d’Espagne ne change pas la perception qu’en ont les descendants des Géants : un haut-lieu de la Mémoire vendéenne. On trouverait peut-être, en cherchant bien, la visite d’un prince d’Orléans ou d’un ministre républicain, laïque et franc-maçon, mais la démonstration en serait altérée.
La réconciliation
Sans leur donner plus d’importance qu’ils le méritent, les réseaux sociaux animés par une petite demi-douzaine d’individus qui s’auto-déclarent compétents, ont mené la danse contre le Mont des Alouettes pendant trois mois. Souvent à la limite de la calomnie, toujours très incomplet dans leurs tentatives de démonstrations, et ignorants des réalités. Le cubage des ossements par exemple est de 10 m3 a fait savoir Elodie Cabot, ils parlent de 100 m3. La chapelle est bâtie sur un remblai, ils sont allés vérifier les courbes géologiques pour annoncer un sous-sol en granit alors qu’ils auraient dû se rendre sur le terrain. On nous annonce sans arrêt les 55% des victimes originaires des Mauges : on veut les listes ! Et on espère la modération sinon la réconciliation.
Sur le linteau de la porte de la chapelle du Mont-des-Alouettes, l'inscription non équivoque: 1793 La Vendée Fidèle |
Le paradoxe est atteint avec le détournement du geste magnifique de Bonchamps, graciant 5000 prisonniers républicains le 18 octobre 1793 à Saint-Florent-le-Vieil. Dans les jalons chronologiques que le rapport en question accole aux sites possibles de l’inhumation des 154 squelettes, on trouve avec surprise entre les 12 et 24 mars 1793 « plusieurs pétitions vendéennes qui font état du caractère populaire du soulèvement et se réclament de la fraternité, de la liberté et de l’égalité » (sic, les documents ne sont pas joints). Puis la libération de 2500 à 4000 républicains à Fontenay le 25 mai 1793. Quel rapport avec Saint-Florent ? Amalgame ou manipulation ?
Mais le comble est atteint par la dernière phrase : « une grâce qui, revendiquée par Haudaudine et David d’Angers, acquiert la dimension d’un pardon et d’une esquisse de réconciliation ». Le pardon qui n’est pas l’oubli, d’accord, la réconciliation dès le 18 octobre 1793, historiquement non : les massacres du Mans de décembre 1793, les 492 Vendéens fusillé au Marillais puis les autres massacres commis par les colonnes infernales à partir de janvier 1794 faisant des dizaines de milliers de victimes ressemblent à tout sauf à une esquisse de réconciliation. Celle-ci viendra plus tard, bien plus tard quand sera révélée la volonté génocidaire du pouvoir de l’époque car la réconciliation ne peut se faire que sur la vérité. Elle serait totalement accomplie par la reconnaissance des méfaits criminels de la république naissante en Vendée militaire, par ses plus hautes autorités en fonction.
Revenons aux Alouettes
Aucun des arguments développés dans ce rapport n’a la puissance nécessaire pour mettre à l’écart le projet d’inhumation des squelettes du Mans dans la chapelle du Mont des Alouettes. Elle reste même aux yeux des Vendéens non encartés le lieu idéal, le lieu de la réconciliation. Vox Populi…
Autre question enfin qui intéressera les seuls décisionnaires : qui fait quoi à Saint-Florent-le-Vieil ? Détermination d’un lieu, financement, accord de la commune, de l’Eglise d’Angers… Au Mont des Alouettes, tous ces problèmes d’intendance sont résolus.
On va peut-être nous demander de renoncer, de disparaître au nom de la réconciliation ?
Henry Renoul
Merci pour cet article très démonstratif...
RépondreSupprimerCertes je suis "Vendéenne" de coeur mais avec les 7 Généraux Vendéens, l'on apprend vite...
Sur un vitrail de l'église du Pin-en-Mauges, cette devise: "La prière, tout obtient."
Lancez une Neuvaine à NOTRE-DAME du Perpétuel Secours ou à St-Louis-Marie Grignion de MONTFORT que nous fêterons dans quelques jours jours et ce bon combat, celui pour le Mont-des-Alouettes, nous l'emporterons !
Merci pour cet article très intéressant.
RépondreSupprimerComme l'a si bien dit Dominique Souchet au Mont des Alouettes il y a un édifice religieux,une chapelle catholique,pas un monument politique.Le qualificatif de royaliste subitement utilisé par certains est d'autant moins crédible que ce sont les mêmes personnes qui souhaitent voir les ossements installés à Saint-Florent-le-Vieil.A cet endroit,ils seraient alors précisément à l'ombre de la colonne surmontée d'une grande couronne royale,élevée en l'honneur de la duchesse d'Angoulême fille de Louis XVI qui est sans ambigüité un des monuments les plus royalistes de l'Ouest!!. La question intéressante à se poser est sans doute de savoir pourquoi certains veulent à tous prix que les ossements soient inhumés ailleurs qu'en Vendée?