13/02/2017

Le retour des loups lors des guerres de Vendée

À la faveur de la guerre civile, les loups sont revenus en nombre dans la région.
    Le 20 janvier 1798, à dix heures du matin, le citoyen Hullin-Lamotte se présente devant l’administration municipale de Cholet. Ce chasseur déclare « qu’ayant été à l’affût ce matin, il avait tué un loup d’une taille énorme. Il a produit et déposé les deux pattes de devant et les deux oreilles. Il a demandé qu’il lui en fût délivré un certificat pour réclamer l’indemnité accordée par l’administration centrale. » De 1798 à 1800, ce sont quatre demandes qui seront ainsi portées devant l’autorité locale.
        Car en ces temps troublés, les loups sont de retour. « La radicalisation de la Révolution, la mise au banc des émigrés, les ravages de la guerre civile et le désarmement des campagnes, en particulier dans l’Ouest, favorisent la dissémination des loups qui s’enhardissent de plus en plus. » (Moriceau)   L’administration révolutionnaire rétablit au niveau national les primes qui ont toujours constitué la mesure la plus populaire pour la chasse au loup ; elle en uniformise les montants par département. Auparavant, chaque subdélégation de Bretagne, d’Anjou et-de Poitou avaient des politiques différentes en la matière, sans oublier les usages locaux.

     Le 14 novembre 1799, Louis Cesbron, journalier, habitant la Poterie, tue dans la forêt de Vezins un loup dont il présente la tête. Ce que fait aussi quelques mois plus tard, le 24 août 1800, Pierre Tricoire, dix-huit ans, demeurant au lieu-dit Montbeau en Cholet. Enfin, le premier jour de novembre 1800, c’est « Charles Clément, bûcheron demeurant à St-Léger, lequel nous a dit qu’il avait tué un loup d’une énorme grandeur. »


     Tous sont venus chercher le certificat qui leur procurera l’indemnité légale pour destruction de loups. Pour éviter la fraude, des preuves physiques sont exigées. Généralement sont apportées la tête ou les pattes de l’animal. Pour en éviter le réemploi, les pattes et les oreilles sont « encochées de suite en la présence du chasseur. »

      Si tous insistent sur la grandeur des bêtes tuées, c’est que le montant de la prime s’accroît avec la taille et le danger réel ou potentiel de l’animal : de louveteau à loup, louve, louve pleine jusqu’à loup ayant attaqué l’homme. Pierre Tricoire précise « qu’il a été attaqué ce matin par un loup d’une énorme grandeur, qu’il a assommé à coup de bâton, seule arme qu’il avait pour sa défense » et espère donc l’indemnité maximale.

Mais, munis de leur précieux certificat, ont-ils été payés ? Les fonds manquent et les délais de paiement sont importants. Comme le constate un contemporain, « le grand nombre de ceux qui se portent à la poursuite des loups n’y est porté que par l’appât de l’indemnité » ; ne pas la payer ou la payer avec retard, « c’est vouloir la chose et pas les moyens. » Incapable d’assurer le paiement des primes, le gouvernement en transfère la charge dès 1801 aux conseils généraux qui souvent en diminuent le montant et les versent selon l’état de leurs finances.


Cette désorganisation administrative et financière aura-t-elle calmé l’ardeur des chasseurs ? Au moins, elle donnera un répit à l’animal pour sa survie. Dans la région, le dernier loup sévira dans la ferme de la Fardellerie à Mazières-en-Mauges en 1876.

Jean MAILLARDGallica - Pixabay  (Courrier de l'Ouest, 13 février 2017)

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