09/11/2012

18 avril 1794, Vendredi Saint sanglant à La Chapelle-du-Genêt

A la sortie du bourg de La Chapelle-du-Genêt, sur la route de Saint-Philbert-en-Mauges, une croix de granit arbore une plaque d’ardoise posée à la mémoire Marie-Catherine Gaultier et Pierre Moreau, fusillés à Avrillé, et des habitants de la paroisse « massacrés en haine de la foi ». Plusieurs de ces martyrs succombèrent lors du passage des Bleus, le 18 avril 1794. 

La Croix des Martyrs, aussi appelée Croix Deniau

A cette date, jour du Vendredi Saint, treize personnes furent surprises et massacrées par des soldats républicains à La Chapelle-du-Genêt. Parmi elles se trouvaient Jeanne Lantier, veuve Mondain, âgée de 36 ans, et quatre de ses cinq enfants. Le récit de cette tuerie a été collecté auprès de témoins oculaires par l’abbé Félix Deniau qui l’a reproduit dans son Histoire de la Guerre de la Vendée

Plaque posée par Vendée Militaire
le 17 avril 1994
Mme Mondain, qui habitait ce dernier bourg [La Chapelle-du-Genêt], venait de le quitter avec ses six petits enfants dont le plus grand n’avait que 9 ans ; elle s’acheminait vers le moulin du Pont, lorsque deux Bleus, détachés de leur corps, tombent sur elle, et la somment, pour conserver sa vie, de leur livrer ses bijoux ; elle s’exécute, mais les féroces soldats, non satisfaits de l’avoir dépouillée, lui disent : « Maintenant que tu n’as plus rien, brigande, tu vas mourir » et aussitôt ils la frappent à coups de sabre, lancent en l’air ses plus petits enfants, les reçoivent sur la pointe de leurs baïonnettes et transpercent les plus grands. Quand ils croient que ces enfants n’ont plus de vie, ils donnent le coup de grâce à la pauvre mère que, par un raffinement de cruauté, ils font mourir la dernière. 

Après leur départ, les jeunes Raimbault et Poilâne, âgés de 12 ans, cachés dans les branches d’un chêne voisin et qui avaient été témoins de ce massacre, accourent près des victimes et trouvent respirant encore l’un des garçons et l’une des petites filles. Ils les transportent à la Fallette, métairie voisine, où les demoiselles Langlois leur prodiguent les soins les plus empressés. Le petit garçon qui avait la poitrine blessée de sept coups de baïonnettes guérit de ses blessures ; mais la petite fille succomba. 

L'église de La Chapelle-du-Genêt,
si typique des Mauges,
et dont les parties les plus anciennes
remontent au XVIe siècle
Les faits ont été rapportés par les deux jeunes témoins, Raimbault et Poilâne, mais aussi par Martin Goubault, laboureur de La Chapelle, qui arriva sur les lieux après le drame. 



L’enfant survivant s’appelait François Mondain. Il était né à La Chapelle-du-Genêt le 19 septembre 1792. Son père, René Mondain, prit les armes au début du soulèvement et mourut à la fin de l’année 1793. François participera quant à lui au soulèvement de 1815, dans l’armée commandée par d’Autichamp. 

Sources :  
Deniau (abbé Félix), Histoire de la Guerre de la Vendée, tome III, p. 82, note 3. Cet événement ajouté en note a été situé par erreur en octobre 1793. 
Paroisses et soldats de l’armée vendéenne, XXIII, La Chapelle-du-Genêt, édité par Vendée Militaire, Angers, 1994, pp. 38-40 (avec la reproduction de la demande de pension de François Mondain).

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