20/01/2014

Éphémérides des 19 et 20 janvier 1794

- Dimanche 19 janvier 1794 – A Nantes on fusille 207 vendéens et 300 autres sont noyés.

- Lundi 20 janvier 1794 – Froid très vif. Au Champ-des-Martyrs, quatrième fusillade : 408 victimes, soit 108 hommes et 300 femmes. Les noms des personnes tuées ce jour-là sont mélangées avec ceux des femmes et des hommes qui tombèrent le lendemain, mardi 21 janvier. Citons Pierre Baranger, 31 ans, laboureur à Faye; François Poissonneau, 18 ans, laboureur, de Chalonnes-sur-Loire; Julien Poissonneau, 33 ans, taillandier de Neuvy; Louis Uzureau, 27 ans, tisserand de La Poitevinière; Michel Uzureau, 25 ans, tisserand de La Poitevinière; Jean Uzureau, 34 ans, tisserand de Maulévrier; Jacques Uzureau, 63 ans, métayer de La Pommeraye, etc. Aucune victime, à ma connaissance, des fusillades des 20 et 21 janvier ne fut béatifiée le 19 février 1984.

- Même jour- relevons ce petit écho : A Montfaucon, naissance dans des conditions tragiques de Louis-Arsène Hervé.
 
- Cordellier-Delanoue, chef d'une colonne infernale, arrive à Brissac où il retrouve Crouzat.

- François Claveleau, charron à Cholet, condamné à mort par la Commission militaire à Angers, pour avoir assisté à la destruction de l'arbre de la liberté à Cholet, et "en avoir fait un timon de charette, après en avoir donné vingt sous pour le conduire chez lui." (L. Prudhomme, Dictionnaire des individus envoyés à la mort judiciairement, révolutionnairement et contre-révolutionnairement pendant la Révolution..., t.II, Paris, 1796, p.320; Vendée Historique, 1906, col. 266)

N'oubliez pas, n'oubliez jamais !
Il y a 221 ans – Procès de Louis XVI.

Samedi 19 janvier 1793 

– Température : 2° au-dessous de zéro la nuit. Vent-Nord-Est. "Il a gelé assez fort, mais le vent de bise qui coupait le visage hier et avant-hier s'est apaisé aujourd'hui; il (...) fait plus doux, le ciel sans nuage" (Guittard de Floriban). – Au temple, à neuf heures, le municipal Gobeau, entre un papier à la main; Mathey, concierge de la tour, l'accompagne et porte une écritoire. Gobeau déclare au Roi qu'il a ordre d'inventorier les meubles et autres effets. Louis XVI laisse Cléry avec les deux visiteurs et se retire dans sa chambre.

Dimanche 20 janvier 1793 

Le Temple
 – Température : 3° au-dessus de zéro. Vent Nord-Ouest. Il dégèle un peu. Louis XVI continue la lecture de Charles 1er. A deux heures "douze à quinze" personnes se présentent à la fois : Dominique-Joseph Garat (1749-1833), alors ministre de la Justice (il avait succédé à Danton, le 9 octobre 1792); Pierre-Marie-Henri Lebrun-Tondu (autrefois... l'abbé Tondu), ministre des Affaires étrangères (guillotiné le 27 décembre 1793); Philippe-Antoine Grouvelle (1756-1806), secrétaire du Conseil; Hébert – le Père Duchesne! – était aussi là, etc. Garat, le chapeau sur la tête, mais, paraît-il, très ému, déclara au Roi : "Louis, la Convention nationale a chargé le Conseil exécutif provisoire de vous signifier ses décrets des 15, 16, 17, 19 et 20 janvier 1793"... C'est Grouvelle qui fit la lecture de cet abominable décret: Article 1 : "La Convention nationale déclare Louis Capet, dernier roi des François, coupable de conspiration contre la liberté de la nation et d'attentat contre la sûreté générale de l'État". Article 2 : "La Convention nationale arrête que Louis Capet subira la peine de mort". L'article 3 prévoyait que l'exécution de ce décret aurait lieu dans les vingt-quatre heures à compter de sa notification". La lecture de ce texte laisse impassible Louis XVI. Louis XVI lisant son testament

Cléry
Louis XVI lisant son testament
à l'abbé de Firmont
Le Roi demanda "un délai de trois jours pour pouvoir (se) préparer à paraître devant Dieu". On sait que cette requête lui fut refusée. Il demanda aussi la présence auprès de lui de l'abbé Edgewoth de Firmont (rue du Bac, n°483), ce qui lui fut accordé. Ce prêtre, bien entendu réfractaire au serment, arriva au Temple vers cinq heures et demie du soir. Louis XVI le reçut dans son cabinet. Il lui fit la lecture – par deux fois – de son testament rédigé au Temple le 25 décembre 1793. Puis il lui posa des questions sur le clergé et la situation de l'Église de France. A huit heures un municipal annonce que sa famille allait descendre. Celle-ci fit son entrée dans les appartements du Roi. Celui-ci reçut la reine, tenant le dauphin par la main, Marie-Thérèse, sa fille, et Madame Elisabeth, sœur du roi. Tous se précipitèrent dans les bras de Louis XVI. Instant de grande émotion qui se déroula dans la salle à manger. Enfin, le roi, s'assoit, la reine se place à sa gauche, Madame Elisabeth, Marie-Thérèse presque en face, le dauphin reste debout entre les jambes de son père. Ce fut une scène de douleur qui dura "sept quarts d'heure". Madame Royale écrira plus tard : "Mon père, au moment de se séparer de nous pour jamais nous fit promettre de ne jamais songer à venger sa mort". A son fils, alors sur ses genoux, il dit : "Mon fils vous avez entendu ce que je viens de dire; mais comme le serment a encore quelque chose de plus sacré que les paroles, jurez en levant la main que vous accomplirez la dernière volonté de votre père". L'enfant fit ce que demandait son père.
Testament de Louis XVI
Testament de Louis XVI
Testament de Louis XVI
Testament de Louis XVI
Dix heures quinze : Louis se lève le premier et tous le suivent. La reine, le dauphin, Marie-Thérèse, poussaient des gémissements les plus douloureux. Louis XVI promit de les revoir le lendemain à huit heures... "Pourquoi pas à sept ?" demanda la reine. "Eh bien oui à sept heures, répond le roi, adieu". Et le roi rentre dans sa chambre, puis rejoint, dans son cabinet l'abbé de Firmont. Avant de se coucher, le roi demande à Cléry de le réveiller à cinq heures...
A peine Louis XVI est-il couché, qu'un sommeil profond s'empare de lui. A côté de lui, Cléry passe la nuit dans une chaise.

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