René Mérand, dit Goula Sabra, était un héros célèbre des troupes royalistes. Son histoire reste vivace.
Même de nos jours, le souvenir de René Mérand, dit Goula Sabra (1769-1855), est toujours vivace dans la mémoire orale de Roussay, où il termina sa vie.Très respecté de tous, il était la référence même de l’élan du petit peuple dans les guerres de Vendée. Le visage labouré par les coups de sabre, il devint pour les Roussayais qui plaçaient la voyelle « a » en terminaison de beaucoup de mots : Goula Sabra (visage sabré).
Il est volontaire, malgré ses nombreuses blessuresLe 6 juillet 1828 au château du Couboureau, Madame la duchesse de Berry, mère de l’héritier du trône des Bourbons, de passage dans la région, a tenu à visiter « Les glorieux champs de bataille de Torfou ». Passant par Tiffauges, elle monte au château du marquis de La Bretesche au Couboureau de Torfou. Elle va y assister à une cérémonie religieuse de grand apparat. Une haie d’honneur constituée de plus de 2000 soldats des armées catholiques et royales l’attend, un roulement de tambours se fait entendre… Madame la duchesse de Berry va passer en revue ces anciens qui se sont tant donnés pour : « Dieu et pour le Roi ». Vêtue d’une très belle amazone verte elle se fait présenter les officiers… Et un certain René Mérand de Roussay, qui est là, avec son beau sabre d’honneur, récompense suprême reçue des mains du préfet au nom du Roi.C’est la plus belle récompense et le plus bel honneur que l’on puisse recevoir, Goula Sabra jubile, à Roussay maintenant l’on ne pourra que baisser la tête lors de son passage.Ses chefs de division, aiment le montrer en exemple. Des premiers coups de mains (batailles) aux dernières affaires (accrochages), il est volontaire, malgré toutes ses blessures qui le font terriblement souffrir. Les officiers de santé (médecins sur les champs de bataille) lui en ont dénombré une douzaine, dont une jambe qu’il a fallu lui raccourcir. Dur au mal, il se fait remarquer en 1815 quand il vint en boitant s’offrir de marcher contre un certain Bonaparte : « Malgré ma jambe, disait-il avec fierté, j’arriverai encore un des premiers au feu ». Jusqu’à la fin de sa vie, il servira et sera écouté.On retint cette altercation qu’il eut avec un paysan de la commune de Roussay. Ce dernier, à l’appel de l’officier chargé des vivres de la division de Montfaucon, vint proposer une pauvre bête à cornes chétive et toute maigre, ce qui mit Goula Sabra dans une colère que le marquis de La Bretesche aimait à raconter avec admiration : « Est-ce ainsi que l’on doit nourrir l’armée ? Qu’on aille à ma métairie, j’ai au toit quatre bons bœufs, qu’on en prenne un, qu’on l’amène. Après celui-là, les trois autres seront encore au service du Roi ! »En 1814, il ne fait aucune démarche pour obtenir une pension à laquelle ses blessures lui donnent tant de droits. Il manifeste colère et dédain envers ceux qui osaient s’étonner de son désintéressement : « Je ne me battais point pour de l’argent… » Il lui faudra pourtant céder aux demandes insistances de ses chefs de guerre pour qu’il accepte enfin une petite pension qu’il a tant méritée. Goula Sabra vécut jusqu’à l’âge de 85 ans.
La dernière fois que le sabre de Goula Sabra a été vu, c’était au cours de l’été 1983, lors de l’exposition intitulée « Les traces des guerres de Vendée dans la mémoire collective » à l’écomusée du Puy du Fou, où il fut exposé pendant trois mois. Ce que l’on sait cependant est qu’à cette date il était dans une collection privée. Il avait sans doute était acheté à des descendants de René Mérand (Goula Sabra). Les armes d’honneur données, soit par certains rois soit par Napoléon 1er, sont très prisées par les collectionneurs, car elles sont uniques, de qualité, numérotées. Les noms du donateur et du receveur y sont gravés ainsi que l’année. Sur celui de René Mérand, dont la monture était en bronze argenté, aux armes de France, on pouvait lire, gravé sur la lame, « Vive le Roi ». Le fourreau était en cuir noir avec la chape en bronze argenté qui portait l’inscription : « Donné par le Roi au sieur Mérand René ».
Courrier de l'Ouest, 22 janvier 2017
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