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12/08/2017

Cazeau, (presque) la vie de château

Cazeau, (presque) la vie de château

Partiellement détruit pendant les Guerres de Vendée, le château du Cazeau, au May-sur-Èvre, est le témoin de six siècles d’histoire. Son propriétaire, la famille de Roincé, espère l’ouvrir au public en 2018.

Il y a les restes des douves, une tour qui tient debout, un châtelet. Sans oublier une cour qui, avec un peu d’imagination, replonge le visiteur dans le Moyen Âge. Pas de doute, ici, au Cazeau, lieu-dit du May-sur-Èvre, se dressait un château. Un château dont les quelques murs restants sont des témoins d’une longue histoire. Une histoire que ses propriétaires, Michel et Geneviève de Roincé, connaissent sur le bout des doigts, ou presque. Et qu’ils souhaitent aujourd’hui partager.

Logique, le château du Cazeau est dans la famille depuis au moins 1405, « par héritage ou par mariage », glisse Michel de Roincé. Premier propriétaire de ces terres, « qui étaient bien plus grandes qu’aujourd’hui » : Guillaume du Cazeau. Un patronyme qui va perdurer pendant près de deux siècles, et le mariage d’une descendante, Marguerite du Cazeau, avec Louis de Villeneuve, seigneur du Vivier et du Bois-Groleau.

À l’époque, le château affiche fièrement ses quatre tours, son pont-levis, situé à l’opposé de l’actuelle entrée. Ne subsiste aujourd’hui que les piles en pierres, sur lesquelles venait se poser le pont. « Il reste suffisamment pour deviner », glisse Geneviève de Roincé. Deviner le quotidien de la famille Villeneuve, au XVIIIe siècle. Deviner le mariage de Marie Charlotte Élisabeth de Villeneuve du Cazeau avec Louis d’Hillerin, propriétaire du château de Boistissandeau, aux Herbiers (Vendée). Deviner la naissance de trois enfants, dont Marie-Anne Gabrielle. Trois enfants qui feront partie de la dernière génération à connaître le château du Cazeau, le « vrai ».
Mariage entre un républicain et une royaliste
« Le drame est survenu au moment de la Révolution française », pose Geneviève de Roincé. Le château est alors brûlé. « Soit à la suite de la bataille de Cholet, fin 1793, soit pendant les Colonnes infernales, début 1794 », estime son mari. Le bâtiment a ensuite été considéré comme bien national. Quid des propriétaires ? « Marie-Anne Gabrielle avait quitté Boistissandeau pour se réfugier au Cazeau, avant de suivre l’armée royaliste en partance vers Saint-Florent-le-Vieil, poursuit Michel de Roincé. Elle s’est ensuite réfugiée à Nantes, avec sa sœur, chez une tante. »

Le retour du Cazeau dans la famille sera le fruit d’un concours de circonstance. « Les Républicains ont fait venir, en Vendée, un officier pour pacifier la région : Alexandre Édouard Bourbon, note Michel de Roincé. Lui a été notifiée la situation des deux filles. Il est tombé amoureux de Marie-Anne Gabrielle. » « Ce n’était pas du tout évident pour cette jeune fille issue d’une famille royaliste », coupe son épouse. Alexandre Édouard Bourbon a bien racheté une partie du Cazeau, dont le château, mais son rapide décès l’a empêché de le restaurer.

« Et depuis, le château est resté comme ça », sourit Geneviève de Roincé. Comme à la fin du XVIIIe siècle, ou presque. Des pierres en moins et deux maisons du XIXe siècle, dont une accolée à la tour, en plus. Elles sont aujourd’hui en ruine. Mais le château du Cazeau n’a pas dit son dernier mot.

Un peu de Cazeau aux Herbiers


Si les Guerres de Vendée ont fortement touché le château du Cazeau, elles ne l’ont pas totalement détruit. Jusqu’à « la fin du XIXe, début du XXe siècle », une grande cheminée, bien conservée et située dans le châtelet, était encore visible. « Elle a été démontée et transportée au château de Boistissandeau (Les Herbiers, Vendée) », raconte Michel de Roincé. Ce n’est pas le seul élément du Cazeau à avoir fait le chemin jusqu’en Vendée. La pierre d’autel de la chapelle du Cazeau, autrefois intégrée au château, en a fait de même. « Elle est aujourd’hui dans la grotte qui est une copie de la grotte de Lourdes, à Boistissandeau », poursuit le propriétaire.

Ouvert au public dès 2018 ?


Des bâtiments en ruine ? Pas de quoi décourager Michel de Roincé. Lui a hérité du château à 25 ans, par sa mère, dans les années 1980. Même s’il vit à La Boissière-sur-Doré, en Loire-Atlantique, être le propriétaire du Cazeau lui fait se sentir « un peu du May-sur-Èvre ». En campant dans la cour, ses enfants redonnent un peu de vie au lieu. Les époux de Roincé aussi, à leur manière. Le châtelet a vu ses fissures comblées, sa toiture refaite à neuf. L’idée n’est pas de restaurer le château à l’identique, mais de le conserver en l’état, de le cristalliser, « comme un témoin de l’histoire »« Il y a un lien affectif, émotionnel, commente l’intéressé. C’est quand même une histoire importante, avec des moments douloureux. »

Pour arriver à son but, le couple compte sur l’association du May-sur-Èvre, May… moire. « Nous avons mis en commun nos recherches », note Geneviève de Roincé. « Nous allons essayer de travailler ensemble pour montrer ce site au public lors des Journées du patrimoine, en 2018 », poursuit son mari. L’occasion de remettre le château sur le devant de la scène, comme au Moyen Âge.
A. B

Courrier de l'Ouest, 12 août 2017

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